À partir de ce 1er août, la France va larguer 40 tonnes d'aides humanitaires sur la bande de Gaza. Une opération que Paris a déjà coeffectué avec plusieurs autres pays en avril 2024, avec 110 tonnes de vivres, mais qui reste très sensible pour l'armée française.
"Il faut donc inonder la bande de Gaza d’eau de nourriture et de médicaments. Il n’y a plus une minute à perdre", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur Franceinfo ce vendredi, s'appuyant sur des chiffres de l'OMS qui démontrent l'admission pour soins de 5.000 enfants de moins de 5 ans début juillet pour malnutrition aiguë, dont 63 sont morts.
Au total, ce sont quatre vols qui vont apporter dix tonnes de vivres chacun dans l'enclave palestinienne sur plusieurs jours. Un seul avion sera utilisé pour l'opération, a indiqué le chef d'État-Major des armées au Parisien, et il décollera comme l'an dernier depuis la Jordanie. Pour ce genre d'opération, un C-130 Hercules est généralement utilisé.
Il faut ensuite survoler Gaza à basse altitude, à environ 600 mètres du sol, pour pouvoir effectuer correctement un largage. Des vols très impressionnants, même pour les militaires en mission.
Les colis sont soigneusement inspectés par les militaires avant le largage, avec la vérification des harnais ou encore du parachute. Lorsque le point GPS prévu pour larguer l'aide humanitaire est atteint, les vannes de l'avion s'ouvrent. En quelques secondes alors, les palettes d'environ une tonne chacune sont larguées et leurs parachutes se déploient.
Des opérations très délicates
Les opérations de parachutage se font en étroite coopération avec les autorités jordaniennes et les Nations unies. Des parachutages nécessaires pour les gazaouis, en proie à une importante famine, mais qui n'en restent pas moins très dangereux pour les populations sur place. Le point d'atterrissage des largages ne peut être très précis, il est donc très difficile pour l'armée française de sécuriser la zone.
Dans ces circonstances, des accidents ont déjà eu lieu. En mars 2024, cinq personnes sont mortes et dix autres ont été blessés par la chute d'un colis humanitaire dont le parachute ne s'est pas ouvert. L'an dernier, entraînant des morts dans la bande de Gaza.
De plus, une fois arrivés au sol, les vivres sont parfois prises d'assaut par les populations. La population n'est d'ailleurs pas prévenue à l'avance du point de largage, pour éviter des émeutes.
Une aide infime face à l'urgence
Dans les colis, des produits de premières nécessités non périssables. L'an dernier, la France a largué des conserves, du riz ou encore du maïs. Des compléments sont généralement ajoutés dans chaque palette: en 2024, la France avait également largué des dessins d'enfants mais aussi des jouets et des vêtements.
Les associations humanitaires saluent par ailleurs ces actions de largages aériens mais déplorent l'infime quantité que cela représente face à l'urgence dans laquelle se retrouve l'enclave palestinienne: 40 tonnes de vivres larguées par avion, cela représente deux camions d'aide humanitaire.
Ces largages sont donc "un début" mais il faudrait accélérer la rotation pour aider effectivement la population gazaouie. Or, ce sont des vols très compliqués à mettre en place pour la France.
"La France travaille également à des acheminements par voie terrestre", a assuré Jean-Noël Barrot, conscient de l'efficacité et de la sécurité que peuvent apporter des camions humanitaires. Toutefois, le point de passage terrestre entre Israël et Gaza, Kerem Shalom, est fermé. Aujourd'hui, l'équivalent de 600 camions attendent de passer dans le territoire palestinien.
"Je rappelle qu’il y a 52 tonnes d’aides qui attendent depuis des mois à El-Arich en Égypte", souligne également le ministre des Affaires étrangères sur Franceinfo.
Il demande au gouvernement israélien de rouvrir "toutes les voies d'accès aériennes, terrestres et maritimes", ce qui permettrait également de mieux sécuriser les acheminements de vivres.
"Tant que l’aide humanitaire est aussi rare qu’elle ne l’est aujourd'hui, sa distribution soulèvera des difficultés très importantes, des mouvements de foule", assure-t-il, évoquant des "bains de sang" observés la semaine dernière lors d'une distribution effectuée par l'armée israélienne.
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