«La musique nous donne un gain d'énergie et réduit la douleur quand nous courons, aide à réduire l'anxiété, contribue à nous mettre en joie, à apaiser les moments de tristesse», explique Radio France. L'art musical nous accompagne depuis la préhistoire: en Europe, les archéologues ont retrouvé des flûtes en os et en ivoire vieilles de 40.000 ans. Mais ce lien profond avec la musique ne signifie pas pour autant que tout le monde parvienne à en apprécier l'écoute. Bien que leur audition soit normale et qu'elles arrivent à ressentir du plaisir à travers bien d'autres expériences, certains personnes expliquent que les œuvres musicales ne leur apportent absolument rien, relate le média en ligne New Atlas.
Pendant longtemps, les études dédiées à ce phénomène s'appuyaient sur le principe d'une sensibilité globale. En d'autres termes, on considérait que la capacité à ressentir du plaisir s'appliquait de manière égale à tous les types de stimuli. Mais il y a une dizaine d'années, une équipe de scientifiques a remis en question cette idée en découvrant un trouble rare appelé «anhédonie musicale spécifique».
Lien brisé entre cerveau et musique
Les chercheurs et chercheuses s'étaient concentrés sur les individus ne trouvant pas la musique agréable mais qui appréciaient néanmoins d'autres stimuli. Cette même équipe de l'université de Barcelone a récemment élucidé le mécanisme sous-jacent à ces différences individuelles de sensibilité à la musique. Les conclusions de cette recherche sont publiées dans la revue Trends in Cognitive Sciences.
Pour Josep Marco-Pallarés, coauteur de l'étude, l'anhédonie musicale est causée par une mauvaise connexion entre le réseau auditif cérébral et son circuit de récompense. En effet, cette déconnexion empêche la musique de déclencher les systèmes de récompense qui sont indispensables à notre plaisir. «L'étude de ces circuits pourrait ouvrir la voie à de nouvelles recherches sur les différences individuelles et les troubles liés à la récompense, tels que l'addiction ou les troubles du comportement alimentaire», précise le spécialiste.
Alors, comment savoir si quelqu'un souffre d'anhédonie musicale? Les chercheurs ont élaboré un questionnaire qui mesure plusieurs façons dont les individus interagissent avec la musique: la manière dont les émotions sont suscitées, l'impact sur l'humeur et sur les liens sociaux, si l'écoute de morceaux encourage la danse ou le mouvement et si l'auditeur est en quête de nouveautés. Les personnes atteintes ont tendance à obtenir de faibles scores dans toutes ces dimensions.
Pour le moment, les scientifiques ne connaissent pas encore les raisons pour lesquelles cette affection se développe. L'étude suggère que la génétique et l'environnement jouent un rôle essentiel. Selon une étude publiée par ScienceDirect, environ 5% des cas sont d'origine congénitale. Les auteurs estiment également que cette maladie peut être acquise à la suite de lésions cérébrales. Cette affection toucherait entre 3% et 5% de la population mondiale.
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