Le mystère plane sur le 10 septembre. C'est la date choisie pour un appel à la mobilisation lancé depuis les pistes de budget annoncées par François Bayrou. Depuis, le mercredi 10 septembre gagne en visibilité, sans pour autant savoir concrètement à quoi s'attendre, si ce n'est ce message répété en boucle "appel à tout bloquer", avec des modes d'actions qui varient : manifestation, ne pas consommer dans les grandes surfaces, ne pas utiliser sa carte bancaire etc...
Mais la visibilité croissante de l'appel à la mobilisation à pousser certaines institutions politiques ou syndicats à prendre position sur le mouvement, et à faire évoluer leurs positions, d'autant qu'un sondage montre un soutien franc à une mobilisation contre le budget du gouvernement.
Quand il s'agit de "bloquer le pays" le 10 septembre, 58 % des personnes interrogées se disent favorables (35 % tout à fait favorables et 23 % plutôt favorables), selon un sondage de l'entreprise Toluna - Harris Interactive pour RTL.
Dans le détail, les personnes qui sont le plus favorables au blocage soutiennent majoritairement le parti Europe Écologie, les Verts (80%), viennent ensuite les partisans de La France insoumise (79%), et enfin ceux du Rassemblement national (77 %). Évidemment, les sondés proches du parti Renaissance ne soutiennent pas le mouvement, à 69 %.
Le RN "n'a pas vocation à être l'organisateur de manifestations"
La position officielle du RN ne semble pas tenir compte du résultat de ce sondage. Le Rassemblement national "n'a pas vocation à être l'organisateur de manifestations" et ne donnera pas de consigne à ses sympathisants, a indiqué vendredi à l'AFP la députée Edwige Diaz, vice-présidente du mouvement d'extrême droite, précisant que "nos adhérents et nos électeurs sont libres de faire ce qu'ils veulent".
"Notre rôle en tant que parti politique est d'apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur", déclare l'élue de Gironde, pour expliquer que le RN "n'a pas vocation à être l'instigateur, ni l'organisateur de manifestations".
Elle critique notamment la position de soutien au mouvement de Jean-Luc Mélenchon. "Récupérer cette manifestation (...) c'est le meilleur moyen de l'affaiblir, de la démonétiser et donc de dissuader des personnes d'y participer", estime-t-elle.
"Au final, c'est la France qui travaille, qui souffre et qui a des revendications légitimes qui risquent d'être lésée" insiste cette cadre du RN, évoquant en creux le risque de dégradations en cas de manifestation.
Une position soutenue par le député RN Thomas Ménagé. "On n'est pas là pour prendre position sur des mouvements sociaux, on a été élus autour de Marine Le Pen à l'Assemblée nationale pour défendre les positions des Français, des classes populaires, des classes moyennes, de ceux qui bossent, des retraités de ceux qui n'en peuvent plus qu'on vienne les taxer", a abondé vendredi sur Europe 1 le député RN Thomas Ménagé, appelant à ne pas "bordéliser le pays".
Mobilisation du 10 septembre : "On n'est pas là pour prendre position sur des mouvements sociaux" déclare @Thomas_Mng #LaGrandeITW #Europe1 pic.twitter.com/WfYj68234t
— Europe 1 (@Europe1) August 22, 2025
Seul le député de la Somme Matthias Renault a pris une position plus tranchée, via une vidéo sur son compte X, le 23 juillet, où il se réjouissait d’une "mobilisation populaire le 10 septembre" sur les thèmes suivant : "ras-le-bol fiscal des actifs", "remise en cause de l’Etat obèse", "anti-immigration" et "anti écologie punitive", évoquant ainsi les revendications cachées derrières les #NicolasQuiPaie et les #Gueux.
Les revendications portées par le mouvement du 10 septembre ont toutefois depuis évolué vers davantage de justice sociale.
LFI appelle "tout le monde à se mettre à disposition de ce mouvement"
Du côté des partis politiques, La France Insoumise est la première à avoir officiellement dégainé. Jean-Luc Mélenchon puis Manuel Bompard ont appelé "tout le monde à se mettre à disposition de ce mouvement, à participer à cette volonté de bloquer le pays".
« Que chacun se mette à disposition du mouvement du 10 septembre !
Face à François Bayrou et son budget ultra-austéritaire, la bataille doit se mener sur tous les terrains.
Nous demandons l'ouverture d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale pour pouvoir voter une… pic.twitter.com/QyORv8Ci6M
— La France insoumise (@FranceInsoumise) August 18, 2025
Les Écologistes "en soutien de cette mobilisation"
Dans les autres partis d'opposition, on est pour le moment beaucoup plus prudent sur un soutien au mouvement prévu le 10 septembre.
Dans la foulée, Marine Tondelier, la cheffe de file des écologistes appelle à son tour soutenir cette initiative née sur les réseaux sociaux : "J’ai plaidé dès le mois de juillet auprès des instances de mon parti pour que nous soyons en soutien de cette mobilisation mais aussi de toutes les autres qui se préparent avec les partenaires sociaux… parce que l’on parle beaucoup du 10 septembre mais la rentrée sera en réalité émaillée de grèves et de manifestations", explique l’élue nordiste dans une interview à Libération.
Le PCF sera "partie prenante" du mouvement
Autre composante du Nouveau Front Populaire à soutenir le mouvement du 10 septembre, le Parti Communiste Français. Le porte-parole du PCF Léon Deffontaines a indiqué à l'AFP que son mouvement appelait "à participer à l'ensemble des mobilisations contre le projet Bayrou, le 10 septembre compris. On soutiendra le mouvement, on sera partie prenante".
Au PS, on reste prudent
En revanche, du côté du Parti socialiste, on reste plutôt prudent vis-à-vis du mouvement du 10 septembre, même si les lignes évoluent de jour en jour. "On suit, on regarde ce qui se passe sur les réseaux, on est vigilants", indiquait dans un premier temps à l’AFP le député PS Arthur Delaporte. "Quand on appelle à rejoindre un mouvement, c’est dans le cadre d’une intersyndicale, là ce n’est pas le cas", ajoute-t-il.
Mais quelques jours plus tard, le premier secrétaire du PS avait fait un pas vers le mouvement. "Notre vocation n'est pas non plus de la canaliser, de la dompter, de l'instrumentaliser, de la soumettre, mais de lui offrir un débouché politique qui ne soit pas celui de l'extrême droite", a ajouté son premier secrétaire.
"Le 10 septembre, il y aura une mobilisation forte dont chacun mesure qu'elle peut être à la hauteur de l'exaspération et du rejet du pouvoir actuel. Elle peut être massive. Nous n'en connaissons pas complètement les contours. Ses revendications sont floues, mais nous devons l'accompagner", a déclaré Olivier Faure lors d'une intervention aux Journées d'été des Ecologistes à Strasbourg. Un premier pas vers un soutien au mouvement.
Des fédérations de la CGT appellent à rejoindre le mouvement
Du côté des grandes centrales syndicales, la prudence est également de mise. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, estime sur France Inter que "le 10 septembre peut être une étape mais il faut construire d'autres perspectives", alors que les centrales syndicales doivent se retrouver le 1er septembre pour échanger sur une éventuelle mobilisation à la rentrée.
"L'heure est à la mobilisation"
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, estime que "le 10 septembre peut être une étape mais il faut construire d'autres perspectives" #le710Inter pic.twitter.com/9bpSwZHuJ3
— France Inter (@franceinter) August 22, 2025
À l'échelle départementale, certaines unions départementales de la CGT ont annoncé leur mobilisation le 10 septembre. "A partir du 10 septembre, cessons de produire, cessons de faire fonctionner les services pour imposer une autre répartition des richesses et une économie de paix au service de la satisfaction des besoins de la population", écrit dans un tract la CGT du Nord, qui invite ainsi à une manifestation à Lille.
En attendant une position nationale, des fédérations de la CGT, dont celles de la chimie et du commerce, ont également d’ores et déjà prévu de mobiliser le 10 septembre. En attendant que la réunion du 1er septembre acte une position officielle pour les syndicats.
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