Il est arrivé dans la salle, a salué les journalistes présents, s'est assis et s'est lancé dans un très long monologue. Roberto De Zerbi n'a même pas attendu la première question pour livrer pour la première fois son ressenti sur l'affaire Adrien Rabiot-Jonathan Rowe qui secoue l'OM depuis la défaite à Rennes (0-1) vendredi 15 août.
"Comme l'a dit (Medhi) Benatia, j'ai joué au football pendant longtemps, ça fait plus de 30 ans que je suis dans le football. Je suis habitué à parler ce qui se passe dans les vestairies mais il faut mettre les choses en ordre. C'est pour ça que je prends la parole, c'est nécessaire", a d'emblée déclaré le technicien italien, présent en conférence de presse en marge de la réception du Paris FC samedi (17h).
"Avant les joueurs, il y a le coach, et avant le coach, il y a le club"
"Sur un lieu de travail, deux employés - deux serveurs, deux avocats, deux ouvriers... - se frappent. Comme dans un pub anglais, une embrouille devant le directeur sportif, l'entraîneur, avec un coéquipier qui était à terre parce qu'il avait perdu connaissance. Le club, donc l'employeur, que doit-il faire? Il y a deux solutions dans ce cas-là: soit la suspension, soit le licenciement", a-t-il poursuivi.
"C'est une décision juste, temporaire au début. C'est ce que devait faire le club."
Après des discussions téléphoniques entre eux samedi et dimanche, Pablo Longoria, Medhi Benatia et Roberto De Zerbi ont décidé de mettre les deux joueurs à l'écart de l'effectif "en attendant de voir leur ressenti, voir s'il y avait un regret de leur part." Le directeur sportif de l'OM avait d'ailleurs expliqué, dans un entretien exclusif à RMC mercredi, leur avoir laissé 48 heures pour s'excuser, ce qui n'aurait pas été fait.
"Dans un club de foot comme partout, il doit y avoir une hiérarchie, qui est que le club doit passer avant tout, moi-même compris. Les joueurs doivent le savoir aussi: avant eux, il y a le coach, et avant le coach, il y a le club", a enchaîné Roberto De Zerbi. "Dans l'histoire récente, l'OM a été dans des polémiques - entraîneurs qui partent rapidement, directeurs qui s'en vont - car il y avait peut-être un manque d'ordre et de code éthique au sein du club. Donc c'était un choix obligé, on a dû prendre cette décision qui est une décision juste, temporaire au début. C'est ce que devait faire le club."
"Que sa mère attaque Longoria et Benatia, ça m'énerve"
Avant de confirmer les propos de Medhi Benatia qui avait confié n'avoir "jamais vu" une telle scène. "C'était vraiment une bagarre, où les gardes du corps du club ont dû séparer les joueurs. C'est la seule fois où j'ai vu ça. Ca ne me scandalise pas, je viens de la rue, je suis habitué à ce genre de choses... mais de voir que des gardes du corps du club, qui devraient normalement nous défendre d'autres personnes, ont été obligés de nous défendre de nous-même..."
Roberto De Zerbi est ensuite monté au créneau face aux accusations de Véronique Rabiot. Depuis jeudi, la mère du milieu de terrain français conteste la version donnée par les dirigeants marseillais qu'elle accuse de mentir. "Dans l'entourage de Rabiot, des choses fausses sont dites. (...) Quand ils parlent du président en disant qu'il a parlé de la 'corruption' après le match contre Auxerre, Pablo Longoria défendait alors son club. Peut-être en faisant des erreurs - et de fait il s'en est lui-même rendu compte, il a demandé pardon et s'excuser est une preuve de force", a avancé le technicien italien, qui a révélé que le joueur était venu lui parler ce vendredi matin.
"(Medhi) Benatia, peut-être même plus que moi, avait un rapport très proche avec Adrien, et je parle de quelque chose d'extra-footballistique. Son entourage sait qu'ils ont aidé Adrien, dans sa vie privée, dans ce qui était nécessaire. C'est quelque chose qu'il fait avec tout le monde, mais avec Adrien encore plus. Il allait au-delà de son rôle de directeur sportif, donc que sa mère les attaque, ça m'énerve. Sa mère a oublié deux choses. Je n'ai pas décidé tout seul de l'exclure, j'ai décidé seul de le rendre capitaine à Paris. Et en un an, j'ai eu plus d'attentions et de calins pour son fils que pour mon propre fils."
"J'aurais pu faire semblant de ne rien avoir vu, mais je ne perds pas ma dignité pour un match ou pour un championnat."
Et de poursuivre: "C'est une décision qui est juste, qui était temporaire. On l'apprécie fortement en tant qu'homme. Mais moi, en ce qui concerne le vestiaire, Pablo et Medhi en ce qui concerne le club, on sait commander pour le bien de l'OM. Demain on devra jouer sans Rowe ni Rabiot, ça nous pèse, c'est pas facile. J'aurais pu faire semblant de ne rien avoir vu, mais je ne perds pas ma dignité pour un match ou pour un championnat. J'ai soutenu et je soutiens tout ce que fait le club parce que c'était juste, il n'y avait pas d'autre choix, pas d'autre issue."
"Sur le coup, je ne savais pas quoi dire ni quoi faire"
L'entraîneur des Phocéens est ensuite revenu sur les faits. La mère d'Adrien Rabiot s'est notamment étonnée d'entendre parler de "violence extrême" alors que "personne n'a été blessé, personne n'est allé à l'hôpital".
"Certes, ils ne se sont pas cassés les dents dans cette bagarre, mais cette bagarre, cette baston, je n'avais jamais vu ça en tant d'années de carrière", a-t-il à nouveau affirmé. "Sur le coup, je ne savais pas quoi dire ni quoi faire. Je voyais le docteur qui essayait de réveiller l'autre joueur (Darryl Bakola) qui avait perdu connaissance au sol, Rowe et Rabiot qui se frappaient... pourquoi? Pour un match? Pour un match qu'on a mal joué selon moi, mais c'est le début."
Avant de continuer: "Sur le terrain il faut montrer 'les couill**' comme vous dites. Mais pas en se frappant entre coéquipiers. Peut-être qu'on perdra d'autres matchs mais personne ne doit se sentir supérieur à l'OM. Ca doit être un honneur, une fierté de défendre ces couleurs. Des joueurs plus forts, on peut en trouver partout, des entraîneurs, il y en a aussi énormément, meilleurs que moi. Il faut qu'on réussisse à conserver le professionnalisme, le bon comportement. De cette manière, on réussira à rester à notre place. C'est quelque chose de courageux que fait le club là, mais qui sera bénéfique sur le long terme."
"Ça a dégénéré, non pas à cause de l'OM mais de l'entourage"
Parmi les sujets qui ont provoqué l'agacement de l'entraîneur marseillais dans cette affaire, il y a aussi eu le comportement du clan Rabiot. De l'avocat, Me Palao à sa mère, les proches de l'international tricolore n'ont pas aidé à apaiser les choses. Bien au contraire. Et selon Roberto De Zerbi, si l'incident aurait pu être pardonné dans un premier temps, l'entourage d'Adrien Rabiot a ruiné tout espoir de pardon de la part de l'OM.
"Les faits: lundi, quand on a communiqué la décision aux joueurs, c'était temporaire. Ensuite ça a dégénéré, non pas à cause de l'OM mais de l'entourage. J'ai mis mon orgueil de côté. Mais je pense que je ne suis personne pour être plus important que Rabiot. Il existe une hiérarchie. Que la mère de Rabiot se permette de dire qu'on a donné une deuxième chance à Greenwood... C'est fou. On parle de vie privée là. Ce n'est pas juste de parler d'autres personnes. On parle d'une bagarre là dans un lieu de travail.
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