Six ans après l'accident de kitesurf dans lequel leur fils est mort aux Glénans, des parents attendent des réponses

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"On a perdu notre gamin il y a six ans dans des circonstances horribles, et la justice n'est pas du tout présente". Le temps file sans apporter de réponses aux parents de Stanislas, tué à l'âge de 18 ans dans un accident lors d'un stage de kitesurf, dans l'archipel des Glénan (Finistère), en 2019.

Cette année-là, pendant les vacances de Pâques, le jeune Parisien rejoint l'école de voile des Glénans sur la côte atlantique. Après avoir pratiqué la voile et le catamaran les années précédentes, Stanislas s'essaie cette fois à une nouvelle discipline: le kitesurf. Le premier jour se déroule sans encombre. Le lendemain, sa session se termine vers 17 heures et il attend dans l'eau, comme le veut l'usage, qu'un moniteur vienne le récupérer en mer à bord d'un bateau à moteur.

Mais à son arrivée, alors que le moniteur a arrêté le moteur, une passagère l'accompagnant perd l'équilibre et tombe sur la manette, actionnant la marche avant. D'un seul coup, le navire redémarre à grande vitesse et Stanislas, happé par l'hélice, est grièvement blessé. Il décèdera des suites de ses blessures.

Depuis, une enquête est toujours en cours pour "homicide involontaire" contre X au parquet de Quimper, confirme à BFMTV la procureure Cécile Flamet. Pourtant, la sensation que l'histoire de leur fils ne mobilise pas ne quitte pas l'esprit de ses parents.

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"On est en colère. On est complètement démunis parce qu'on veut que la mort de notre fils soit reconnue", commente sa mère.

Des rapports soulignent des défaillances

Les parents de Stanislas misent d'autant plus sur l'enquête que des rapports ont révélé de lourds dysfonctionnements dans le processus de prise en charge des kitesurfeurs en fin de session ce jour-là.

Le Bureau d'enquêtes sur les événements de mer (BEA Mer) a publié dès septembre 2019 un rapport dans lequel il souligne plusieurs failles. D'une part, le bateau utilisé pour rapatrier les kitesurfeurs n'était pas adapté "en raison de sa forte puissance et de sa hauteur sur l'eau assez importante".

Par ailleurs, si le moniteur était bien relié à un câble permettant de couper le circuit en cas d'accident, ce câble était trop long et n'a pas permis d'éviter l'accident. Enfin, le BEA Mer souligne dans son enquête l'absence de cage entourant l'hélice et permettant d'éviter des drames de ce type. Des conclusions qui auraient été appuyées par un second rapport de la gendarmerie, nous indiquent les parents de Stanislas et leur avocat.

"On ne veut pas baisser les bras"

Une instruction est ouverte après l'accident mortel pour "homicide involontaire". Mais quelques mois plus tard, la pandémie de Covid-19 arrive et met un coup de frein aux investigations. Depuis, les juges d'instruction se succèdent sur le dossier et n'apportent aucune réponse aux parents de Stanislas, si ce n'est que l'affaire est "très technique" et nécessitent de nombreux actes d'enquête. "On ne veut pas baisser les bras, mais on est un peu désespérés", lance sa mère.

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"À ce stade, on envisage des actions contre l'État. Chaque juge laisse traîner ça, on n'est plus dans des délais raisonnables", déclare de son côté leur avocat, Me Dylan Slama.

Depuis, les parents de Stanislas se démènent pour que des drames semblables ne puissent pas se reproduire. "On a été reçus par des politiques, des constructeurs de bateaux, des écoles de voile." Au bout de quelques mois, l'école des Glénans a remis aux normes ses coupe-circuits, a installé des cages à hélices sur toutes ses embarcations et a interdit que des personnes n'étant pas des moniteurs soient présentes à bord. Contactée par BFMTV, l'école a simplement déclaré n'avoir pas été informée "de nouveau développement sur ce dossier".

"Moi, je ne veux pas que des gens aillent en prison. Je veux juste que (ces dysfonctionnements) soient reconnus. Je veux qu'il y ait une jurisprudence et que ça fasse bouger les choses", conclut la mère de Stanislas.

Article original publié sur BFMTV.com

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