Ce qui devait être une simple convalescence post-accouchement s'est transformé en cauchemar médical pour Aleshia Rogers. Cette mère de famille américaine de 27 ans a développé une réaction gravissime à l'ibuprofène, un médicament qu'elle prenait pourtant depuis ses 14 ans sans aucun problème. Trois semaines après sa césarienne d'urgence, cette technicienne en éducation infantile du Nebraska a vu sa peau se détacher par plaques, la plongeant dans un coma artificiel de trois semaines avec seulement 5 à 10 % de chances de survie.
Contrairement aux allergies classiques qui se manifestent dès les premières prises, le syndrome de Stevens-Johnson peut survenir après des années d'utilisation sans incident d'un médicament. Cette pathologie auto-immune provoque une inflammation généralisée où le système immunitaire attaque les tissus de l'organisme, notamment la peau et les muqueuses.
Un diagnostic initial erroné qui retarde la prise en charge
Les premiers symptômes d'Aleshia Rogers se manifestent trois semaines après sa césarienne, alors qu'elle suit un traitement à base d'ibuprofène pour soulager ses douleurs post-opératoires. Un gonflement du visage accompagné d'une éruption cutanée sur la poitrine l'amène à consulter aux urgences, raconte le Sun. Les médecins évoquent alors une scarlatine ou une conjonctivite et lui recommandent de poursuivre son traitement antidouleur.
Cette erreur de diagnostique initiale s'avère dramatique. En quelques heures seulement, le visage d'Aleshia se couvre de cloques qui la rendent méconnaissable aux yeux de sa famille. De retour aux urgences, elle reçoit enfin le bon diagnostic : syndrome de Stevens-Johnson. Il s'agit d'une maladie grave qui provoque la destruction et le décollement de la peau et des muqueuses sur une petite partie du corps (moins de 10 % de la surface totale). C'est une réaction d’hypersensibilité, souvent grave, généralement déclenchée par certains médicaments comme les sulfamides, des antibiotiques ou des anticonvulsivants. On peut aussi la voir après une infection ou une vaccination, surtout chez les enfants.
Dans le cas d'Aleshia, la maladie progresse vers sa forme la plus sévère, la nécrolyse épidermique toxique. Selon les médecins, 90 à 95 % de la peau de la jeune mère se détache par plaques dans un processus appelé "décollement cutané". Cette perte massive de l'enveloppe protectrice de l'organisme déclenche une septicémie et une défaillance multi-organique qui nécessitent un coma artificiel et des interventions chirurgicales majeures.
Une récupération longue avec des séquelles durables
Pendant ses trois semaines de coma, Aleshia subit une excision cutanée sur l'ensemble du corps suivie de greffes de peau, ainsi qu'une transplantation de membrane amniotique oculaire, pour préserver sa vision. À son réveil, elle découvre l'ampleur des dégâts : perte de mémoire importante, cicatrices permanentes et complications qui persistent encore aujourd'hui, cinq ans après l'épisode. "Je n'avais absolument aucune idée de ce qui m'était arrivé. J'avais oublié que j'avais accouché. J'ai perdu beaucoup de souvenirs", témoigne la jeune femme. Cette imprévisibilité constitue l'aspect le plus troublant du syndrome de Stevens-Johnson : aucun test ne permet de prédire qui développera cette réaction et aucun traitement préventif n'existe.
Le message d'Aleshia Rogers vise à sensibiliser sans alarmer : elle encourage la vigilance face aux réactions inhabituelles aux médicaments tout en rappelant que de tels cas restent exceptionnels. Sa survie, qualifiée de "miraculeuse" par l'équipe médicale, lui donne aujourd'hui une perspective particulière sur l'existence : "Je vis ma vie comme si demain n'était pas promis et j'essaie de ne pas vivre dans la peur."
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