Trump va remettre les ados au sport, mais sa méthode ravive déjà de mauvais souvenirs

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Le président américain Donald Trump a annoncé le retour du « Presidential Fitness Test », une compétition sportive dans les collèges et lycées censée redonner le goût du sport aux adolescents mais vivement critiquée. (Photo d’illustration)
ANNABELLE GORDON / AFP Le président américain Donald Trump a annoncé le retour du « Presidential Fitness Test », une compétition sportive dans les collèges et lycées censée redonner le goût du sport aux adolescents mais vivement critiquée. (Photo d’illustration)

ÉTATS-UNIS - Ce nom ne vous dit sûrement rien en France. Pourtant, la simple évocation du « Presidential Fitness Test », un test obligatoire de sport au sein des établissements scolaires aux États-Unis, ravive des traumatismes chez toute une génération d’Américains. Il va pourtant bien faire son retour à partir de la rentrée prochaine, a annoncé Donald Trump fin juillet, afin de s’attaquer au « déclin de la santé et de la condition physique des Américains ».

« Le test présidentiel d’aptitude physique était le fléau de mon enfance. J’étais une élève brillante, mais je ne pouvais pas rester accrochée à la barre de traction plus de cinq secondes », raconte au Washington Post Aileen Bryan, 51 ans. « Il y avait six ou sept épreuves. Peut-être que je pouvais en réussir une ou deux. Humiliant. Je n’ai jamais su courir, et certainement pas vite. Je ne serai jamais une coureuse. Peut-être que j’aurais pu le devenir, mais la manière dont cela a été abordé a détruit tout mon intérêt », partage quant à elle Susan Savage, 67 ans.

Plus ou moins de 10 000, combien de pas faut-il vraiment marcher par jour pour améliorer sa santé ?

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Mais alors, qu’était ce « test présidentiel de condition physique », qui a bouleversé plusieurs générations d’Américains ? Sous sa dernière forme, il s’agissait d’une série de tests physiques à enchaîner : une course d’1,6 kilomètre, des exercices de sprint, des abdos, des étirements, et enfin le choix entre réaliser des pompes ou des tractions. Avec à la clé, pour les 15 % les plus performants, un prix national honorifique.

Ce test obligatoire a été créé dans la fin des années 1950 par l’ancien président américain Dwight D. Eisenhower, qui estimait que les jeunes Américains étaient moins sportifs que leurs camarades européens et soviétiques. Il a été supprimé en 2012 par Barack Obama, remplacé par le « Presidential Youth Fitness Program » (« Programme présidentiel pour la forme physique des jeunes »). Celui-ci se voulait davantage basé sur la progression personnelle et l’explication des bienfaits du sport plutôt que la compétition pure et dure.

Le test de retour à partir de la prochaine année scolaire

Car si le « Presidential Fitness Test » faisait la promotion du sport chez les jeunes Américains, il se révélait en réalité surtout être un concours distinguant les plus faibles des plus forts en se basant uniquement sur la performance brute.

Mais qu’importe pour Donald Trump. Le président américain a signé un décret le 31 juillet et les écoliers américains devront s’y soumettre à partir de septembre. « Nous construisons une nation de jeunes Américains forts, fiers et inarrêtables. Le test présidentiel d’aptitude physique ne concerne pas seulement la force physique. C’est à propos de caractère, de compétition et de confiance en soi », a-t-il déclaré.

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Même pour ceux pour qui ne se sentiraient guère affectés par le mal-être d’enfants mis en concurrence sans distinction à une période charnière de leur construction, un autre problème crucial est soulevé par ce programme : il n’aiderait en rien à favoriser l’activité physique chez les plus jeunes.

Une méthode contreproductive...

« D’après ce que j’ai pu voir et entendre au fil des ans, le test présidentiel de remise en forme n’a que rarement, voire jamais, profité à la majorité. Bien sûr, un petit groupe d’enfants qui aime la compétition et qui a des aptitudes physiques naturelles a peut-être apprécié ce test. Mais pour la plupart, il était néfaste », explique auprès de la version américaine du HuffPost Bianca Russo, une coach sportive.

« Les enfants s’épanouissent lorsqu’ils grandissent en aimant le mouvement, dans des environnements qui les accueillent tels qu’ils sont : des espaces nourris de joie, de curiosité et de jeu. Mais ce type de test favorise la honte, la faible estime de soi et un évitement à vie de l’activité physique lorsqu’ils échouent », poursuit-elle.

Un constat partagé par Michelle Segar, une professeure étudiant le comportement en matière d’exercice physique à l’université du Michigan. « Il est assez clair que la façon dont les gens se sentent lorsqu’ils font du sport aura une influence profonde sur leur décision de continuer à être actifs », explique-t-elle auprès du Washington Post. En d’autres termes, marteler que faire du sport est bon pour la santé est profondément inefficace si les personnes – et notamment les enfants – ne prennent pas de plaisir pendant leur exercice, car ils finiront par abandonner.

... Pour un problème pourtant d’ampleur

Le problème est pourtant d’ampleur dans la jeunesse américaine, alors que seuls 24,2 % des garçons et 20,2 % des filles âgés de 6 à 17 ans atteignaient les niveaux d’activité physique recommandés, selon l’enquête nationale sur la santé des enfants, la NSCH, réalisée sur 2019-2020.

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D’après le Center for Disease Control and Prevention, l’agence nationale de santé publique aux États-Unis, un Américain sur cinq entre 2 et 19 ans serait atteint d’obésité, soit 14,7 millions d’enfants. Des chiffres qui témoignent de l’échec des politiques de prévention et de santé publique jusqu’ici, largement dépassées par l’omniprésence des écrans et la sédentarisation accrue des plus jeunes.

Mais cette insuffisance de sport ne concerne évidemment pas que les Américains. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 80 % des adolescents dans le monde étaient « physiquement inactifs » en 2024.

En France aussi, la problématique se pose aussi bel et bien. Santé publique France alertait dans une note publiée en septembre 2024 que « les niveaux d’activité physique de la population française sont encore faibles, notamment chez les femmes et les enfants ». Ainsi, « seulement 33 % des filles et 51 % des garçons de 6 à 17 ans » atteignent les recommandations pour être en bonne santé, et « 53 % des femmes et 71 % des hommes de 18-74 ans atteignent les recommandations d’activité physique avec de nombreuses disparités sociodémographiques et territoriales ».

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