"Vous mourez en cellule": 20 détenus de Bois d'Arcy dénoncent la multiplication des violences en prison

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Une prison au cœur d'un recours en justice de détenus. BFMTV a pu pénétrer, le 5 août dernier, au sein du centre pénitentiaire de Bois d'Arcy (Yvelines).

C'est ici que Samet Bakar, un jeune prisonnier de 21 ans, a été frappé jusqu'à la mort. Le 6 mai dernier, son codétenu s'est acharné sur lui avec un manche à balai. À l'époque, ses cris de douleur ont tétanisé ses voisins de cellule.

"Il criait, on pensait juste qu'il était blessé. Mais non, il n'était pas blessé. Il était en train de se vider de son sang", explique Messie, voisin de cellule de Samet, au micro de BFMTV.

"Je dois attendre huit mois avant d'aller à l'hôpital"

La victime avait pourtant demandé avant son agression mortelle à être déplacé dans une autre cellule que celle de son agresseur, un toxicomane en sevrage souffrant de troubles psychiatriques. Un cas extrême, mais loin d'être isolé. 20 détenus de Bois d'Arcy ont dénoncé la situation devant la justice.

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"Ces derniers mois, de nombreux actes de violence ont eu lieu, qu'il s'agisse de violences entre détenus ou de la part du personnel pénitentiaire", note dans son référé l'avocate Juliette Chapelle, avocate des 20 détenus de Bois d'Arcy.

Une requête depuis rejetée par la justice estimant qu'il ne s'agissait pas d'une situation d'urgence. Pour autant, le juge a enjoint la prison à prendre certaines mesures, comme "garantir aux personnes détenues un accès à des douches présentant une température de distribution d'eau acceptable".

Notre équipe a pu retrouver l'un de ces 20 détenus, qui raconte une scène de violence "ordinaire" et gratuite d'un surveillant.

"Il m'a tenu les bras au sol, je n'arrivais plus à respirer. Je n'y arrivais vraiment pas, c'est la première fois que ça m'arrive", témoigne Willy D. "Il m'a tourné de ce côté-là du bras, il me l'a mis de l'autre côté. J'ai senti un coup dans mon coude et jusqu'à maintenant j'ai des crampes au bras. Je dois attendre huit mois avant d'aller à l'hôpital".

980 détenus, deux fois plus que la capacité de la prison

Autre point dénoncé: en cas de danger, les gardiens tarderaient parfois à intervenir. "Si vous êtes sur le point de mourir, je vous jure que vous mourez en cellule", alerte un détenu de Bois d'Arcy.

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"Si par exemple, quelqu'un fait un malaise dans sa cellule à 22 heures ou 23 heures, pour qu'ils viennent (les surveillants, NDLR), c'est chaud", abonde encore un autre prisonnier.

Des tensions, qui s'expliqueraient notamment par la surpopulation carcérale. C'est en tout cas ce qu'a constaté la sénatrice écologiste de Paris Anne Souyris, en visite impromptue dans la prison.

"Chaque période où il y a eu beaucoup plus de surpopulation, il y a eu beaucoup plus de violences. Déjà quand on est deux à vivre dans 9m2, avec des gens qu'on n'a pas choisis et qui peuvent ronfler toute la nuit, avoir des problèmes différents... Bref, c'est déjà difficile donc quand on est à trois ça l'est d'autant plus", estime Béatrice Carton, médecin à la prison de Bois d'Arcy.

La nouvelle directrice des lieux tente pourtant de trouver des solutions. Mais le constat reste alarmant: 980 détenus sont aujourd'hui emprisonnés derrière les barreaux de Bois d'Arcy, pour seulement 472 places disponibles.

Article original publié sur BFMTV.com

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