L'un des avocats de l'anesthésiste Frédéric Péchier, Me Samuel Estève, a décidé de se retirer du dossier en raison d'une indemnité de défense jugée "trop insuffisante", a appris BFMTV ce mardi 12 août, confirmant une information de RTL.
C'est un rebondissement dans cette affaire alors que l'ancien anesthésiste Frédéric Péchier doit être jugé par la Cour d'assises du Doubs à partir du 8 septembre prochain. Il est accusé d'avoir empoisonné trente patients dans le cadre de sa fonction d'anesthésiste. Douze personnes sont mortes dans cette affaire. Frédéric Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
35 000 euros à se partager pour les avocats de la défense
L'anesthésiste ne pourra pas compter sur Me Samuel Estève pour assurer sa défense. Ce dernier a décidé de se désister en raison du montant de l'aide juridictionnelle dévolue aux avocats de la défense, un montant qu'il a jugé insuffisant au regard de la densité de ce dossier.
Son désistement est aussi lié au montant jugé bien supérieur de l'indemnisation octroyée aux différents avocats des parties civiles.
Selon nos informations, l'indemnité publique pour quatre mois d'audience dans le cadre de l'aide juridictionnelle s'élève à plus de deux millions d'euros pour les avocats des parties civiles (plus d'une centaine à ce stade), une enveloppe à partager entre ces dizaines et dizaines d'avocats et 35 000 euros hors-taxe pour les avocats de la défense du Docteur Péchier, enveloppe à partager entre les deux avocats restants.
Dans un courrier que BFMTV a pu consulter, Me Randall Schwerdorffer, l'un des avocats de Frédéric Péchier demande à la bâtonnière du barreau de Besançon, Me Emmanuelle Huot, de "bien vouloir saisir le Conseil de l'Ordre de cette difficulté, sans qu'en l'état, je me réserve, avec Me Takhedmit, le droit de me désister de la Défense de Monsieur Péchier".
Une "véritable ineptie"
Contactée par BFMTV, Emmanuelle Huot, la bâtonnière du barreau de Besançon prend acte de ce courrier et indique que "suite à une délibération spéciale du conseil de l'Ordre, ses membres peuvent décider qu'une partie de l'aide juridictionnelle puisse être rétrocédée aux avocats de la défense".
"Cette décision ne peut s'appliquer qu'aux avocats inscrits au barreau de Besançon. Le conseil de l'Ordre devrait se réunir au tout début du mois de septembre", précise-t-elle.
Pour l'heure, Frédéric Péchier ne pourra donc compter que sur deux avocats pour assurer sa défense. Un travail titanesque pour une rémunération que Me Schwerdorffer qualifie de "véritable ineptie". Il évoque une "disparité phénoménale" qui ne permet pas de "parler de procès équitable".
Une telle situation s'était déjà produite par le passé. Le Conseil de l'ordre des avocats du barreau de Paris avait ordonné une répartition dérogatoire de l'indemnisation due aux avocats intervenant au titre de l'aide juridictionnelle dans le procès des attentats du 13 novembre 2015.
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