« La mode ne consiste pas à regarder en arrière, mais toujours à regarder vers l’avenir », disait la papesse de la mode Anna Wintour. Le chef de la diplomatie russe, lui, semble faire les deux à la fois. Le pull de Sergueï Lavrov n’est pas passé inaperçu à son arrivée ce vendredi 15 août en Alaska, où doit se tenir la rencontre de Donald Trump et de Vladimir Poutine au sujet de la guerre en Ukraine.
Comme on le voit dans notre vidéo en tête d’article, le ministre russe des affaires étrangères arbore un sweat-shirt floqué de ce qui semble être l’inscription « CCCP », qui signifie « URSS » en russe. Si ce choix témoigne sans doute d’une « nostalgie soviétique » comme l’a soulevé Politico, il semble aussi en dire long sur la façon dont le Kremlin pense ses rapports avec les ex-républiques communistes (dont l’Ukraine) qui étaient sous sa coupe à l’époque soviétique.
Trump-Poutine en Alaska : ce que l’on sait de ce sommet historique sur l’Ukraine
Face aux caméras, Sergueï Lavrov a affirmé que la délégation russe ne faisait « aucune supposition » sur l’issue du sommet. « Nous savons que nous avons nos arguments et notre position est claire et sans ambiguïté, a-t-il insisté, nous la présenterons. »
Un pull pas très « rassurant » pour les pays voisins de la Russie
Mais au-delà de ses déclarations, son pull devenu viral a parlé pour lui, ont souligné plusieurs experts comme Yaroslav Trofimov, correspondant en chef pour les affaires étrangères au Wall Street Journal. Celui-ci a ironisé dans un message sur X sur le fait que ce choix vestimentaire est « très rassurant pour au moins 14 des voisins de la Russie », faisant référence aux pays européens ou asiatiques qui étaient sous l’influence de Moscou à l’époque soviétique.
Même son de cloche, là aussi sur X, du journaliste Philippe Corbé. « Le t-shirt CCCP de Lavrov à son arrivée à Anchorage nous donne une idée de son état d’esprit », a décrypté le directeur de l’information de France Inter, spécialiste des questions internationales. « Le vieux diplomate est trop habile pour l’avoir fait par hasard », a-t-il insisté.
Ces analyses sont cohérentes avec la politique mémorielle de Vladimir Poutine, qui célèbre depuis plusieurs années la grandeur de l’URSS, allant jusqu’à qualifier la chute de l’Union soviétique de « plus grande catastrophe » du XXe siècle, rappelle Politico. Et cette nostalgie n’est pas sans impact, notamment sur la guerre en Ukraine
Comme l’expliquait la RTBF en février dernier, Vladimir Poutine a encore ce « modèle » soviétique en tête, avec une Russie puissante qui influence une flopée d’États satellites. « Raison pour laquelle il considère que Moscou conserve des droits particuliers par exemple en Géorgie, en Moldavie et bien sûr en Ukraine », analyse le média public belge, évoquant le concept d’un « grand frère russe » qui continue de surveiller la « famille soviétique ».
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