Comme le veut la tradition, les habitants du village ardéchois de Vanosc assisteront au jeu du "cou de l'oie", ce vendredi 15 août. À bord d'une voiture, les participants tenteront d'arracher le cou de l'oiseau mort, pendu par les pattes.
Une coutume moyenâgeuse, qui suscite l'indignation des associations de protection animale. "Les traditions qui infligent de la souffrance ou qui portent atteinte à l’intégrité d’un animal (même mort!), n’ont plus leur place dans notre société!", dénonce la Fondation Brigitte Bardot sur X.
Dans une lettre adressée au maire de Vanosc, la Fondation somme l'élu de proscrire cette pratique qu'elle juge "cruelle et "indigne". Elle assure notamment au micro d'Ici Drôme Ardèche avoir reçu "un certain nombre de signalements d'administrés de Vanosc" qui dénoncent cette pratique.
"Le but n'est pas de créer des tensions, mais d'avoir un dialogue, de comprendre que ce qui était admis il y a encore quelques années ne l'est plus en 2025", avance Constance Braut, adjointe aux affaires publiques et internationales à la Fondation Brigitte Bardot, à la radio locale.
Un "dédain du monde rural"
"Votre dédain du monde rural qui suinte de la lettre est trop souvent votre carburant, il vous conduit à un imaginaire d'Epinal du montagnard retardé et insensible" s'est défendu à son tour le maire de Vanosc Dominique Mazingarde, en réponse à la Fondation Bardot.
"On leur a répondu que d'abord il n'y avait aucune souffrance animale. L'animal est mort avant, évidemment", précise-t-il à Ici Drôme Ardèche, en mettant en avant la cohésion sociale que promeuvent les rites de village.
"De ces fêtes, ces gens-là ne retiennent qu'un épisode qui dure une heure sur les trois jours où les conscrits se réunissent et font la fête avec le village", argumente Dominique Mazingarde.
Une réponse qui ne satisfait pas la Fondation, qui souhaiterait faire évoluer la tradition à l'instar de la mairie Lesmont (Aude) qui a acté le 4 avril la fin du jeu de l'oie. À la place, les habitants pourront trancher le cou d'une piñata, tout en maintenant la tradition.
"Le jeu existe toujours, mais plus avec un animal décédé qu'on va mutiler", fait valoir Constance Braut de la Fondation Bardot.
Dialogue impossible entre les deux camps
Pourtant, cette fête traditionnelle a déjà "beaucoup évolué", selon Dominique Mazingarde. À son origine, le jeu du "cou de l'oie" était pratiqué sur une oie encore vivante, les participants devant lui arracher le cou cette fois sur un cheval.
"Je laisse à ces jeunes la capacité de faire évoluer leur fête, mais je refuse que quelqu'un d'étrange et d'étranger regarde cette fête sans en voir l'impact pour un village", tance le maire de Vanosc auprès d'Ici.
Autre reproche formulé par la Fondation Bardot: les courses de chèvres organisées dans la ville et au cours desquelles les animaux pourraient être blessés selon les signalements que l'association dit avoir reçus.
Pas de quoi déstabiliser l'élu de Vanosc. "Ça les (habitants, NDLR) sort de leur zone de confort. Quand ils voient un beefsteak au supermarché, ils ne savent pas qu'il y a un animal derrière, rétorque-t-il à la radio Ici. Ils ne connaissent rien, ils ne savent pas où est la campagne".
"La véritable barbarie consiste à refuser l'humanité à ceux qui vivent ou pensent différemment, en projetant l'idée qu'ils seraient inférieurs et inhumains. Je trouve que ça illustre très très bien ce qu'on ressent", conclut l'élue en faisant référence à l'anthropologue Lévi-Strauss, qui plaidait en faveur d'un relativisme culturel.
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