Luc Besson (Dracula) : "Sans argent, je vais bien. Avec, c'est mieux. En avoir trop ne sert à rien"

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À l'occasion de la sortie de "Dracula" ce 30 juillet 2025, Luc Besson a accepté de se prêter, pour Yahoo, à un exercice particulier. Le réalisateur de 66 ans, qui vient de boucler le tournage de son adaptation du mythe vampirique avec un budget de 45 millions d'euros, répond à une série de questions qui commencent toutes par "sans". Un jeu de mots avec le "sang" de Dracula qui révèle, au-delà de l'anecdote, les véritables obsessions du cinéaste. Entre déclarations d'amour au septième art et réflexions sur une société déshumanisée, le père de cinq enfants livre une vision sans fard de ses priorités existentielles.

Le cinéma comme nécessité vitale

"Sans faire de film, je meurs. Je pense que faire des films, c'est mon sang. C'est ce qui coule dans mes veines depuis le début", confie Luc Besson avec une sincérité désarmante. Une déclaration qui résonne particulièrement alors qu'il vient de terminer son 21e long-métrage en tant que réalisateur. Pour le créateur du "Cinquième Élément", le cinéma n'est pas un métier mais une condition de survie, un besoin physiologique comparable à la respiration.

Cette passion dévorante trouve ses racines dans l'adolescence du futur cinéaste, quand un accident met fin à ses rêves de carrière sous-marine. Le cinéma devient alors son nouvel océan, un territoire d'exploration infinie où tout reste possible. "C'est ce qui rend le monde réel acceptable à mes yeux. C'est que je peux vivre dans un autre monde, celui irréel", explique-t-il.

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Plus de quarante ans après ses débuts avec "Le Dernier Combat", cette nécessité créatrice demeure intacte. Le succès commercial d'EuropaCorp, ses collaborations avec les plus grandes stars internationales ou encore l'inauguration de la Cité du cinéma n'ont jamais altéré cette soif primitive de raconter des histoires. Pour Luc Besson, chaque nouveau projet représente une renaissance, une nouvelle occasion de justifier son existence par l'art.

L'amour face à la dictature de l'argent

"Sans amour, je meurs aussi. C'est vraiment l'essence même de la vie", poursuit le réalisateur. Cette double dépendance - au cinéma et à l'amour - structure toute la philosophie du cinéaste, qui y voit les deux seules valeurs authentiques dans un monde qu'il juge de plus en plus artificiel.

"On est dans une société où le seul bien qui a de la valeur, c'est l'argent. Il n'y a rien d'autre qui existe. On est tous là grâce à l'amour. On n'est pas là grâce à l'argent", martèle-t-il avec une conviction qui transperce l'écran. Cette charge contre la marchandisation des rapports humains trouve un écho particulier dans son dernier film, "Dracula", où il explore justement un amour qui traverse les siècles.

Le cinéaste, marié depuis 2004 à Virginie Silla et père de trois enfants avec elle, place l'amour familial au centre de ses préoccupations. "Sans femme, je meurs aussi. Ça rejoint l'amour. Les femmes, c'est ce qu'on a fait de mieux quand même", confie-t-il avec tendresse.

La famille comme ancrage vital

"Sans mes enfants, je meurs, encore une fois", déclare Luc Besson. Père de Juliette (38 ans), Shanna (32 ans), Thalia (23 ans), Sateen (22 ans) et Mao (19 ans), le réalisateur trouve dans la paternité une source d'inspiration constante et un motif de fierté évident.

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"Ils ont tous un peu la fibre artistique. Il y a une actrice qui démarre bien, qui est dans 'Emily in Paris'. Une qui fait de la chanson qui fait sa 15e ou 20e chanson, déjà. Et puis un fils, ça y est, il est en train de tourner, d'ailleurs", révèle-t-il avec satisfaction.

L'évocation de ses parents disparus apporte une note plus mélancolique à ces confidences familiales. "Sans mon père, je suis triste puisqu'il est parti il y a quelques années. Nos parents sont quand même nos racines", confie-t-il. "Je n'ai pas toujours eu une enfance heureuse et choyée par mes parents mais avec le temps, je les remercie tous les deux, de toute façon", ajoute-t-il.

L'argent et les César : une distance assumée

"Sans argent, je vais bien. Avec, c'est mieux. Je sais ce que c'est de ne pas en avoir. Je sais ce que c'est que d'en avoir. En avoir trop ne sert à rien", philosophe le réalisateur. Cette position, fruit d'une expérience personnelle contrastée, lui permet d'aborder la question de l'argent avec un détachement rare dans le milieu du cinéma.

"Sans César, je vis très bien aussi", conclut-il avec un sourire en coin, balayant d'une phrase quarante ans de controverses et de polémiques autour de ses relations avec l'institution cinématographique française. Cette pique finale, teintée d'ironie, illustre parfaitement la position de Luc Besson vis-à-vis des honneurs officiels : un détachement assumé qui lui permet de se concentrer sur l'essentiel, la création pure.

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