Luc Besson : "Dans les années 80, c'était une star absolue, et sans elle, je n'aurais pas fait la carrière que j'ai faite"

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Quarante ans après leur première collaboration, Luc Besson n'oublie pas. Le réalisateur de 66 ans, qui prépare actuellement la sortie de son adaptation de Dracula prévue pour le 30 juillet 2025, garde en mémoire la rencontre qui a changé le cours de sa carrière. En 1984, alors qu'il n'est encore qu'un jeune homme de 25 ans aux ambitions démesurées, Isabelle Adjani lui fait confiance pour réaliser le clip de "Pull marine". Un pari audacieux pour l'actrice, déjà star absolue, qui va propulser le futur cinéaste vers les sommets. Pour Yahoo, Luc Besson revient sur cette collaboration fondatrice et dévoile des anecdotes inédites de leur travail commun.

Isabelle Adjani, la rencontre artistique décisive

"Sans Isabelle Adjani, je ne pense pas que je fais la carrière que j'ai faite", confie Luc Besson avec une sincérité désarmante. Une déclaration qui en dit long sur l'importance de cette collaboration précoce dans la trajectoire du réalisateur. Au milieu des années 80, quand la France découvre les premiers courts-métrages du jeune homme, Isabelle Adjani règne déjà sur le cinéma français. Double Palme d'or à Cannes, César de la meilleure actrice, l'interprète de "L'Histoire d'Adèle H." incarne alors l'excellence artistique hexagonale.

C'est dans ce contexte que naît leur première collaboration sur "Pull marine", un clip révolutionnaire qui transforme le format musical en véritable court-métrage. "À l'époque, dans les années 70-80, elle est numéro un, c'est une star absolue et elle a cette qualité incroyable, c'est qu'elle n'a peur de rien et elle est attirée par l'art, en général", souligne le réalisateur. Cette audace artistique d'Isabelle Adjani va permettre à Luc Besson de s'affranchir des codes et de proposer une esthétique novatrice, qui mêle symbolisme visuel et mélancolie romantique.

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Le succès est immédiat. Le clip, tourné à la piscine de l'Arche Guédon à Torcy, remporte la Victoire de la musique du meilleur vidéo-clip en 1985, tandis que la chanson s'écoule à plus de 600 000 exemplaires. Plus qu'un simple clip, "Pull marine" devient un objet culturel, marquant l'émergence d'une nouvelle génération de créateurs français.

Une confiance artistique totale malgré les risques

La relation professionnelle entre Luc Besson et Isabelle Adjani dépasse le simple rapport contractuel. "Faire confiance à un gamin de 19 ans ne lui pose aucun problème, alors que ça pose des problèmes à tout le monde", révèle le cinéaste. Cette confiance mutuelle se confirme l'année suivante avec "Subway", deuxième long-métrage de Luc Besson qui consacre définitivement son style visuel.

"C'est une vraie artiste et elle prend des risques. Elle peut prendre des risques sur des textes de Salman Rushdie quand elle va aux César, elle peut prendre des risques sur des nouveaux metteurs en scène", admire Luc Besson. Cette capacité d'Isabelle Adjani à soutenir les talents émergents tranche avec les habitudes de l'industrie cinématographique, souvent frileuse face aux nouveaux venus.

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Le réalisateur se souvient particulièrement d'un épisode révélateur lors du montage de "Subway" en 1985. Face à un film trop long, Luc Besson envisage de couper quinze minutes d'un bloc, qui incluent des scènes importantes d'Isabelle Adjani. "Je lui ai dit : 'Isabelle, tu ne veux pas venir au montage pour voir parce qu'il faudrait que j'enlève ce bloc ?'. Et elle a regardé le film. Ça s'est arrêté et elle m'a dit : 'Enlève, ça ne sert à rien'", raconte-t-il, encore impressionné par cette réaction. "Même pas un quart de seconde d'hésitation de quoi que ce soit", ajoute-t-il.

L'héritage d'une collaboration fondatrice

Aujourd'hui, alors que Luc Besson prépare la sortie de son "Dracula" avec un budget de 45 millions d'euros, le cinéaste mesure l'impact de cette rencontre précoce avec Isabelle Adjani. "C'est la première véritable artiste que j'ai rencontrée", confie-t-il pour souligner l'influence durable de cette collaboration sur sa conception du métier.

Cette relation privilégiée avec Isabelle Adjani a forgé l'approche collaborative de Luc Besson, visible dans tous ses projets ultérieurs, du "Grand Bleu" à "Léon" en passant par "Le Cinquième Élément". La capacité de l'actrice à s'effacer au profit de l'œuvre, sa disponibilité face aux expérimentations artistiques et sa générosité envers les jeunes talents ont profondément marqué la méthode de travail du réalisateur.

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