Les auditions sont en cours après la mise en examen pour viols et agressions sur neuf enfants âgés de 3 à 4 ans d'une Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), pour des faits commis à l'école maternelle Les Aresquiers de Vic-La-Gardiole, dans l'Hérault. Ces derniers jours, plusieurs enfants ont été ou sont entendus par les enquêteurs.
Pour recueillir la parole des victimes, les gendarmes de l'Hérault utilisent le protocole Mélanie. Son objectif: "recueillir la parole des enfants sans suggestivité", selon l'adjudante Fabienne, gendarme sur la bridage de proximité de Guichen, officier de police judiciaire et enquêtrice formée aux auditions Mélanie.
Les gendarmes posent "des questions ouvertes non orientées pour qu'en cas de procès nos auditions ne soient pas attaquables, notamment par les avocats de la défense".
Un "récit libre" pour l'enfant
Ce protocole est utilisé dans des salles adaptées, épurées, avec des acteurs de la protection de l'enfance, comme des médecins, des psychologues ou des travailleurs sociaux. "Il y a une caméra qui enregistre, une table, des chaises, un canapé, l'enfant choisit de s'asseoir où il veut et nous on se met avec lui pour pouvoir recueillir sa parole", présente l'adjudante Fabienne.
Cette dernière insiste sur l'importance du contact entre l'enquêteur et l'enfant. Le protocole débute par "une phase d'accueil" qui permet au gendarme de "se présenter à l'enfant". "On lui explique que l'on est gendarme mais qu'on est là pour lui et pour le protéger. On lui présente la salle, on lui explique le déroulement de l'audition, de l'enregistrement, on lui fait visiter, accompagné de son représentant légal", liste l'adjudante Fabienne.
Puis vient le temps de l'échange entre le gendarme et l'enfant, qui se déroule en plusieurs temps. "Il y a une phase de mise en confiance, une phase pré-déclarative, on va en apprendre un peu sur l'enfant (...) et on le prépare au type de questionnement que l'on avoir pour la suite", détaille la gendarme à BFMTV.
"Ensuite, on entre dans la phase déclarative, on dit à l'enfant: 'maintenant que je te connais un peu mieux, je veux te parler des raisons pour lesquelles tu es ici aujourd'hui, je t'écoute'", poursuit-elle.
Cela permet de "laisser un récit libre à l'enfant". "Il va nous dire ce que l'on appelle le "titre du film" c'est à dire qu'il va nous dire pourquoi il est là aujourd'hui", raconte l'adjudante Fabienne. Tout au long de l'audition, présentée comme "un recueil de la parole" plutôt qu'un "interrogatoire", ce sont des questions ouvertes, "non orientées" qui sont posées à l'enfant. L'enquêteur va tout de même "chercher différents détails".
La suspecte dénonce "un complot de la mairie"
Utilisé dans des affaires dans lesquelles les enfants sont victimes, le protocole Mélanie est aussi valable lorsque l'enfant est auteur, mais aussi pour les adultes. "Personnellement, je l'utilise sur toutes mes auditions ces questions ouvertes parce que, que l'on soit enfant ou adulte, notre parole est beaucoup plus libérée quand on ne nous suggère pas les choses", selon l'adjudante Fabienne.
Dans l'affaire visant l'Atsem dans l'Hérault, les "faits visés concernent des actes de pénétration digitale et de masturbation susceptibles d'avoir été commis sur de jeunes enfants", selon le procureur de la République de Montpellier. Des actes commis entre octobre 2024 et juillet dernier. De son côté, la suspecte fait l'objet d'une suspension administrative à titre conservatoire par son employeur depuis le 3 juillet. Lors de sa garde à vue, elle a dénoncé "un complot de la mairie organisée contre elle".
Mise en examen et placée en détention provisoire, l'assistante d'école maternelle a demandé ce mardi 12 août sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. La cour d'appel rendra sa décision jeudi en début d'après-midi.
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