Nouvelle-Calédonie : les indépendantistes du FLNKS rejettent l'accord de Bougival

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C'était attendu, c'est désormais officiel. Le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS), principale alliance indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, a confirmé, mercredi 13 août, qu'il rejetait l'accord de Bougival signé début juillet avec l'État et les non-indépendantistes.

La décision a été prise lors d'un congrès extraordinaire du mouvement samedi et confirmée mercredi lors d'une conférence de presse à Nouméa. Le FLNKS "rejette formellement le projet d'accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de notre lutte", a indiqué Dominique Fochi, secrétaire général de l'Union calédonienne et membre du bureau politique du FLNKS.

Ce texte prévoit notamment la création d'un "État de Nouvelle-Calédonie" et d'une nationalité calédonienne, ainsi que la possibilité de transférer des compétences régaliennes (monnaie, justice, police). Mais il ne prévoit pas de nouveau référendum sur l'indépendance, suscitant une levée de boucliers chez les militants indépendantistes.

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"Bougival est derrière nous"

"Bougival est derrière nous", a affirmé Marie-Pierre Goyetche (Parti travailliste), également membre du bureau politique, "c'est un rejet en bloc, nous ne participerons pas au comité de rédaction" proposé par le ministre des Outre-mer. "Nous lançons un appel pacifique à nos forces vives pour dire stop à l'État s'il entend passer en force", a ajouté Marie-Pierre Goyetche.

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Sans attendre l'officialisation de ce rejet, Manuel Valls avait annoncé dimanche se rendre "la semaine du 18 août" en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l'accord, qu'il présente comme "un compromis historique, fruit de mois de travail (...) avec toutes les délégations, y compris celle du FLNKS".

En visioconférence depuis Mulhouse (Haut-Rhin), où il a été incarcéré pendant près d'un an, le président du FLNKS, Christian Tein, a dénoncé "un accord à marche forcée proposé par Macron". "On n'a pas tiré les leçons de ce que le pays a traversé. On ne peut pas construire un pays comme ça et nous mettre dans le corner. C'est humiliant pour le peuple kanak", a déploré le dirigeant, qui reste frappé par une interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie.

Le FLNKS souhaite "ouvrir le dialogue" pour la "signature d'un accord de Kanaky le 24 septembre 2025", conduisant "à l'accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté avant l'élection présidentielle de 2027", a mis en avant Dominique Fochi.

Il a également insisté sur la tenue de discussions "sous la supervision" de Christian Tein. Libéré de prison le 13 juin, il reste mis en examen pour son rôle présumé dans les émeutes de l'an dernier. Le leader politique a toujours nié avoir appelé à la violence.

Élections provinciales

Malgré ce rejet, "le FLNKS rencontrera Manuel Valls" lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie, a assuré Sylvain Pabouty (Dynamik unitaire sud). "Nous en profiterons pour lui dire que nous voulons que les élections provinciales se tiennent en novembre prochain (...) pour connaître la réelle légitimité des uns et des autres. Nous restons ouverts à la discussion avec ceux qui seront légitimés par les urnes", a-t-il ajouté.

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Ces élections, cruciales en Nouvelle-Calédonie où les provinces concentrent la majorité des compétences, auraient dû se tenir en mai 2024. Mais elles avaient été repoussées à novembre 2025, dans le cadre du projet de dégel du corps électoral porté par Gérald Darmanin et qui avait suscité les émeutes. L'accord de Bougival prévoit de les repousser de nouveau, à mi-2026.

L'accord de Bougival continue d'être défendu localement par l'ensemble du camp non-indépendantiste, l'Eveil océanien, parti "ni-ni" (ni indépendantiste, ni loyaliste), ainsi que par le Parti de libération kanak (Palika) et l'Union progressiste en Mélanésie (UPM), deux mouvements indépendantistes modérés qui ont quitté le FLNKS en août 2024.

Avec AFP

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