C’est une simple séance de cinéma en plein air, qui a pris une tournure plus que houleuse. Alors que la mairie de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, organisait le vendredi 8 août dernier pour le cinquième été consécutif la projection d’un film « pour celles et ceux qui n’ont pas la chance de partir en vacances, et en particulier les enfants », l’événement a été annulé en raison du choix du long-métrage : la comédie américaine Barbie, sortie en 2023.
Le maire communiste de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, affirme avoir pris cette décision en raison de menaces. « Je déplore qu’un petit groupe du quartier ait mobilisé son énergie sous la pression d’un individu pour empêcher la projection de ce film, pourtant classé tout public en France lors de sa sortie au cinéma en 2023 », a-t-il affirmé dans un communiqué.
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Pour quelles raisons faire annuler cette comédie américaine avec Margot Robbie et Ryan Gosling, qui tournait en dérision le patriarcat qui avait fait un carton au box-office ? « Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l’obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques », écrit l’édile.
« Ils disaient que ça prône l’homosexualité, et que c’est une atteinte à l’intégrité de la femme », a-t-il complété auprès du Parisien. Mais cette opposition est allée beaucoup plus loin. « Tandis que les agents installaient [la séance], des jeunes les ont menacés, disant qu’ils allaient empêcher le visionnage et démolir le matériel. Les agents ont essayé de discuter mais c’est devenu très agressif. Comme ils se sentaient en danger, les agents m’ont appelé. C’est moi qui ai pris la décision d’annuler la séance », a poursuivi Olivier Sarrabeyrouse, rappelant que c’était bel et bien les habitants de la ville qui avaient pu choisir ce film via une consultation publique, et affirmant qu’il allait déposer une plainte.
Dati dénonce une « atteinte grave »
Si la scène s’est produite vendredi dernier, c’est en début de semaine qu’elle a pris de l’ampleur. Et notamment par l’intermédiaire de la ministre de la Culture elle-même, Rachida Dati, qui a confirmé qu’une « plainte est en cours » après ces menaces. « Encore une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d’une activité culturelle. Depuis 1 an, j’ai pris des mesures fermes contre ces atteintes graves devenues une nouvelle forme de délinquance », a-t-elle réagi sur X ce mercredi 13 août. « Des intégristes religieux islamistes exercent un contrôle social fort et efficace ! », a quant à elle lancé sur X la sénatrice LR Valérie Boyer.
Encore une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d’une activité culturelle. Depuis 1 an j’ai pris des mesures fermes contre ces atteintes graves devenues une nouvelle forme de délinquance. Une plainte est en cours. https://t.co/xgxHaSgQRM
— Rachida Dati ن (@datirachida) August 13, 2025
La députée insoumise de la circonscription, Aurélie Trouvé, a quant à elle dit avoir appris avec « consternation » l’annulation de cette projection. « Ce sont encore une fois les familles et les enfants, qui ne partent pas en vacances, qui sont privés de ces moments précieux de convivialité et de culture durant l’été. Je tiens à exprimer tout mon soutien au maire, qui a décidé de porter plainte, ainsi qu’aux agents municipaux qui ont été menacés », a-t-elle écrit sur X.
Lors de sa sortie, le film avait été interdit de diffusion dans plusieurs dont le Koweït, l’Algérie, le Liban, ou le Vietnam. Le Koweït avait dénoncé une « atteinte à la morale publique » et précisé que « tout film qui contrevient aux valeurs et traditions de notre société » devait être interdit. Le Liban l’a quant à lui interdit en raison de « la promotion de l’homosexualité ».
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