CLIMAT - Les images sont spectaculaires, et témoignent des risques extrêmes qu’ils prennent pour leur métier et la sécurité de la région. Les chasseurs d’ouragans de la NOAA, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, ont filmé leur passage dans l’œil de l’ouragan Erin après son passage en catégorie maximale 5 samedi 16 juillet. Désormais en catégorie 4, la dépression se dirige ce lundi 18 août vers les Bahamas, où des dégâts importants sont redoutés.
Alors que les vents atteignaient plus de 255 km/h, les météorologues sont ainsi allés directement recueillir des données au cœur de ce premier ouragan de la saison au-dessus de l’Atlantique nord. Comme le montrent les images qu’ils ont postées sur leur compte Instagram, ils ont pu observer un phénomène splendide, très commun pour ce genre de phénomènes climatiques mais que l’on a davantage l’habitude de voir depuis l’extérieur que dans le cœur de la tempête : le « stadium effect » (effet de stade en français).
Erin, le premier ouragan de la saison brièvement passé en catégorie 5 s’éloigne des côtes françaises
Ainsi, on peut parfaitement observer le contraste entre le mur impressionnant de nuages et le cercle de ciel bleu au-dessus de l’œil du cyclone. Mais aussi la différence entre le calme de l’œil et le tumulte dès lors qu’ils rentrent à nouveau au cœur de l’épaisse paroi nuageuse.
Cette mission n’était néanmoins pas du tout seulement pour poster de belles vidéos sur les réseaux sociaux. Ces opérations sont en effet cruciales pour la prévision météorologique et la sécurité globale de la région. « L’objectif principal de ces missions est de localiser le centre de la tempête, et de mesurer la pression centrale et les vents de surface autour de l’œil. Les informations recueillies lors des vols de recherche et de reconnaissance contribuent directement à la sécurité des personnes qui vivent et se rendent sur les côtes vulnérables de l’Atlantique et du golfe du Mexique », rappelle ainsi le NOAA sur son site web.
Un ouragan « catastrophique »
L’ouragan Erin s’est renforcé samedi jusqu’à atteindre la catégorie maximale 5, qualifiée de « catastrophique » par le centre américain des ouragans (NHC), qui dépend grandement des données recueillies par la NOAA. « Lorsque l’ouragan Erin est passé en catégorie 5, nous étions là. C’était le dernier passage de ce vol, mais notre mission n’est pas terminée : nous continuons à protéger le peuple américain, comme toujours ! », a écrit l’agence américaine sur leur compte Instagram.
La vitesse des vents a ensuite diminué, l’ouragan étant rétrogradé en catégorie 3. Avant que dimanche soir vers 23h (ce lundi matin à 5 h, heure de Paris), le NHC n’écrive qu’Erin s’était « de nouveau renforcé en ouragan de catégorie 4 », mettant en garde contre « des vagues et des courants potentiellement mortels sur la côte Est » des États-Unis.
Last night, the 53rd Weather Reconnaissance Squadron flew into the eye of Hurricane Erin—and captured imagery of the breathtaking stadium effect.
These missions provide critical data to the NHC to improve forecasts, helping keep communities safe before the storm makes… pic.twitter.com/RpAs7yMDRf
— Hurricane Hunters (@53rdWRS) August 16, 2025
Il se situait désormais à environ 205 kilomètres de l’île Grand-Turk, dans les Turques-et-Caïques, soufflant des vents mesurés à 215 km/h au maximum. « L’œil d’Erin devrait passer à l’est et au nord-est » de cet archipel, et au « sud-est des Bahamas dans la nuit de dimanche à lundi », a encore prévenu le NHC dans son dernier bulletin. Avant d’ajouter que « des fluctuations d’intensité sont attendues dans les prochains jours en raison de changements dans la structure interne du système. Erin devient un système plus vaste ».
L’ouragan Erin avait atteint le niveau maximal de l’échelle de Saffir-Simpson un peu plus de 24 heures après avoir été classé en catégorie 1 - une intensification rapide que les scientifiques associent de plus en plus au réchauffement climatique.
Des coupes massives de l’administration Trump
Mais la NOAA tout comme le NHC sont confrontés à un problème majeur : les coupes budgétaires voulues et imposées par la Maison Blanche. En mai dernier, Rick Spinrad, ancien administrateur de l’agence, avait fait part à l’AFP de ses inquiétudes concernant la capacité de la NOAA à assurer sa mission alors que près de 900 météorologues, techniciens et d’autres membres du personnel ont été limogés par l’administration Trump quelques semaines seulement après le retour au pouvoir du président républicain.
Le gouvernement compte également couper 1,3 milliard de dollars du budget de l’agence l’an prochain, soit 27 % de son enveloppe totale, car elle est accusée d’être « alarmiste sur le climat » par le groupe de réflexion d’extrême droite Projet 2025 dont l’administration semble suivre les préceptes.
La NOAA a en effet l’outrecuidance de prévoir une saison des ouragans de nouveau plus intense que la normale. Et ce, en raison de températures océaniques plus chaudes que la moyenne, des prévisions de faible cisaillement du vent (une variation brusque de la vitesse et/ou de la direction du vent sur une courte distance, qui peut casser la formation de cyclones) et une activité potentiellement accrue de la mousson d’Afrique de l’ouest, point de départ des ouragans de l’Atlantique. Un phénomène qui semble déjà s’observer avec Erin, et qui pourrait marquer une saison des cyclones particulièrement violente sur l’Atlantique.
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