S’il fallait un homme pour illustrer le terme de résilience, ce serait sans aucun doute James Dyson. L’inventeur britannique, fondateur de l’entreprise d’électroménager qui porte son nom, a échoué des milliers de fois avant de finalement rencontrer le succès à force d’une incroyable obstination. Pour mieux comprendre cette incroyable success-story, il faut remonter en 1978.
Faire le ménage a changé sa vie
En plein déménagement dans sa maison de Bathford, à 180 km à l'ouest de Londres, le jeune trentenaire peste contre son aspirateur dont la puissance décline à cause du sac qui s'obstrue à cause de la poussière. "Je voulais résoudre un problème qui me frustrait, expliquait-il lors d’une interview accordée en 2023 à L’Opinion. Les anciens aspirateurs à sac perdaient de leur efficacité dès qu’on commençait à les utiliser, car les sacs se bouchaient avec la poussière. En tant que consommateur, je me sentais lésé, voire en colère, de voir qu’ils fonctionnaient si mal".
5 126 prototypes avant de trouver la bonne formule
Convaincu qu’il faut imaginer un nouveau produit révolutionnaire, il s’enferme dans une ville remise de la campagne anglaise et consacre quatre ans de sa vie pour mettre au point un aspirateur sans sac. Après 5 126 prototypes et sûrement quelques nuits blanches, James arrive enfin à un modèle fonctionnel. Son appareil est doté d’un moteur numérique et de la technologie cyclonique pour capturer la poussière et ainsi remplacer le sac. En 1983, le premier aspirateur sans sac au monde est né. Sauf que personne n’y croit. Dans un marché alors peu enclin à l’innovation, la méfiance prévaut. "S'il existait un meilleur aspirateur, Hoover ou Electrolux l'auraient déjà inventé", entend-il à l’époque. Avec sa géniale invention, l’Anglais se met à dos ses concurrents dont le business model repose sur la vente de sacs d’aspirateurs.
Le salut de James Dyson viendra du Japon. Le constructeur nippon Apex flaire la bonne affaire et accepte de commercialiser le premier aspirateur sans sac au monde, le G Force, à 2 000 dollars pièce. Grâce à ce succès commercial, le roi de l’aspirateur a désormais les reins assez solides pour lancer son entreprise dont le nom sonne comme une évidence. "Il n’y a que deux syllabes, et c’est facile à dire et à retenir. J’avais en face de moi des concurrents qui étaient des entreprises multinationales historiques et cotées. Je suis le propriétaire et je conçois les produits", justifiera-t-il auprès du Parisien en 2024. Le premier modèle, le DC01, sort en 1993 au Royaume-Uni et devient rapidement un best-seller.
Le roi de l’aspirateur, première fortune du Royaume-Uni
La capacité du géant britannique à réinventer les produits quotidiens ne se limite pas aux aspirateurs : sèche-mains, sèche-cheveux, ventilateurs, casques audio… La société parfois comparée à Apple pour ses prix prohibitifs et son design épuré s’est diversifiée pour capter une clientèle toujours plus large. L’empire Dyson emploie 14 000 salariés dans le monde entier et a réalisé un chiffre d’affaires de 8,4 milliards d’euros en 2023. L’intuition de James Dyson, 78 ans, a fait de lui la plus grosse fortune du Royaume-Uni, avec un patrimoine estimé à 19,4 milliards de dollars, selon Bloomberg.
De plus en plus bousculé par les fabricants asiatiques qui inondent le marché avec des imitations plus ou moins réussies et des tarifs divisés par deux, trois ou quatre, le géant britannique a licencié 1 000 salariés l’an dernier, soit près d’un tiers de ses effectifs dans son pays natal.
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