POLITIQUE - Le RN a-t-il un problème avec l’argent public ? Après la condamnation de Marine Le Pen et de 23 ex-membres du FN pour détournement de fonds publics le 31 mars, on apprend aujourd’hui que des candidats du parti d’extrême droite ont déclaré des frais kilométriques exorbitants lors des dernières élections législatives de 2024.
Selon les révélations du média en ligne Les Jours, neuf aspirants députés de Nouvelle-Aquitaine (dont l’un a été élu, Pascal Markowsky) ont tenté de se faire rembourser par l’État plus de 73 000 euros de frais de déplacement. À eux neuf, ils déclarent ainsi avoir parcouru une distance équivalente à trois fois le tour de la Terre. Le tout, en seulement trois semaines de campagne. Les candidats RN de la région disent avoir dépensé 179 000 en frais de déplacement. À titre de comparaison, ceux du Nouveau Front populaire en ont eu pour la moitié de dépenses et ceux de LR, six fois moins.
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La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) aurait débusqué plusieurs irrégularités : absence de « justificatifs », « nombre anormal de kilomètres », « circuit standardisé et répétitif »... La question se pose donc de savoir si les neuf candidats épinglés ont bien effectué les kilomètres déclarés. D’autant que la plupart des déclarations sont farfelues, voire incohérentes.
Mélody Garault a ainsi « sollicité un remboursement de ses indemnités kilométriques pour des déplacements effectués aux mêmes dates et dans deux circonscriptions différentes ». Don d’ubiquité au RN ? Dorothée Champeau aurait, elle, parcouru plus de 6 500 kilomètres en onze jours pour des « opérations de collage » d’affiches. Problème : impossible de retrouver la trace de ces affiches. Ludovic Biesbrouck a quant à lui demandé le remboursement de trajets effectués... hors de sa circonscription. Aymeric Mongelous jure s’être déplacé sur 10 500 kilomètres, mais sans être en mesure de produire le moindre justificatif. Hager Jacquemin, très proche de la vice-présidente du RN Edwige Diaz, assure avoir roulé plus de 25 000 kilomètres en vingt-sept jours. La Commission a flairé l’entourloupe et ne remboursera que 10 600 euros, sur les 15 000 demandés. En Gironde, Edwige Diaz s’est elle-même fait rembourser pour 6 000 euros de frais d’essence.
« Des voyous », selon LFI
Des sommes astronomiques et souvent éloignées de la réalité qui font dire à la députée de La France insoumise Gabrielle Cathala que ces candidats RN sont des « voyous ». Le RN a « déjà été condamné pour avoir volé plus de 4 millions d’euros au Parlement européen », une enquête a été ouverte en juillet car « 4,3 millions d’euros auraient été indûment dépensés par leur groupe, toujours au Parlement européen, et maintenant l’affaire des frais kilométriques », pointe-t-elle.
« Ces gens nous font croire qu’ils pourraient gérer honnêtement le pays ? Pas une campagne électorale sans une affaire de ce genre, ce ne sont pas des dérapages mais une (mauvaise) ligne de conduite », attaque le député Génération.s Benjamin Lucas-Lundy. L’ex-élu macroniste Stéphane Vojetta estime, lui, que « cette surestimation des frais kilométriques vise à se faire rembourser par le contribuable et “Nicolas qui paie” des frais non réellement dépensés. Cela ressemble à de la fraude ».
Ni Marine Le Pen ni Jordan Bardella ne se sont exprimés sur ces dépenses exorbitantes, et aucun des candidats mis en cause n’a répondu aux sollicitations des Jours.
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