Qu'est-ce que la "main morte", ce dispositif nucléaire secret évoqué par Dmitri Medvedev qui a provoqué la colère de Donald Trump?

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Comme un air de guerre froide. Le ton est monté entre les États-Unis et la Russie ces derniers jours, ou plus précisément entre Donald Trump et l'ex-président russe Dmitri Medvedev. Le vice-président du Conseil de Sécurité russe, qui se distingue depuis le début de l'invasion en Ukraine par ses sorties provocatrices, ne digère pas l'ultimatum lancé par le président américain à Moscou intimant de mettre fin à la guerre avec Kiev.

Une de ses déclarations a particulièrement déclenché la colère de Donald Trump qui a décidé ce vendredi de "repositionner deux sous-marins nucléaires". Le président américain a expliqué aux journalistes ne pas avoir apprécié la menace nucléaire brandie par l'ancien dirigeant russe: ce dernier a fait allusion ce jeudi sur Telegram à la "fameuse 'main morte", réanimant des souvenirs de la guerre froide.

Une riposte nucléaire automatique

La "main morte", ou "Perimeter", est le nom donné à un système nucléaire automatisé mis en place par l'Union soviétique dans les années 1980. Ultra-secret, il n'est pas clair si ce dispositif est toujours actif. Des doutes subsistent également quant à son fonctionnement exact.

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Ce système permettrait à la Russie de lancer automatiquement une salve de missiles nucléaires si son territoire faisait l'objet d'une attaque nucléaire, et ce, même si la chaîne de commandement était entièrement détruite. Un réseau de capteurs sismiques, de pression atmosphérique, ou de radioactivité détecterait la frappe nucléaire et riposterait.

La Fondation pour la recherche stratégique précise toutefois que la "main morte" serait plutôt "semi-automatique".

Après qu'un "commandement préliminaire" ait été généré, suivi de la "détermination de la réalité d’une attaque nucléaire sur le territoire soviétique" et de la "vérification de la non-fonctionnalité du réseau de communication avec l’autorité de commandement", la décision de riposte serait transférée "à un groupe d’officiers dédié en un lieu sécurisé".

Ce fonctionnement est aussi avancé par le journaliste américain David E. Hoffman, auteur de l'enquête The Dead Hand: The Untold Story of the Cold War Arms Race and Its Dangerous Legacy (pouvant être traduit en français par La main morte: l'histoire inédite de la course aux armements pendant la guerre froide et son dangereux héritage).

Si, dans un premier temps, les Soviétiques ont inventé "un système de représailles automatique capable de lancer tous leurs missiles nucléaires s'ils étaient anéantis", ils ont repensé au système "après sa conception", explique sur son site le journaliste récompensé par le prix Pulitzer pour ce livre en 2010.

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"Ils construisirent un système semi-automatique qui confierait le sort de la Terre à trois officiers de service survivants, enterrés profondément sous terre dans un bunker en béton en forme de globe", abonde-t-il précisant que cette "machine apocalyptique" "fut réellement construite et existe toujours".

"Convaincre l'ennemi qu'on peut riposter même mort"

Les Russes ont décidé de développer ce dispositif nucléaire par crainte d'une attaque américaine. Notamment après l'annonce par le président de l'époque Ronald Reagan du lancement d'un projet de défense anti-missile.

"Selon la logique de la guerre froide, si l'on pense que l'adversaire est sur le point de lancer une attaque, il faut choisir entre deux options: soit lancer en premier, soit convaincre l'ennemi qu'on peut riposter même mort", soulignait le magazine américain Wired en 2009.

Si la "main morte" a intégré la doctrine de dissuasion nucléaire russe pendant la guerre froide, Dmitri Medvedev la remet au goût du jour, et en fait de nouveau un moyen de pression.

Article original publié sur BFMTV.com

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