C'était il y a vingt ans. Et Philippe*, aujourd'hui quinquagénaire, se rappelle encore la scène avec une clarté photographique. « Il faut dire qu'un rendez-vous comme celui-là ne s'oublie pas ! » grince-t-il. Nous sommes en 2005, à Paris. Les applis de rencontres, aux prémices, n'ont pas encore conquis le marché de l'amour. Mais c'est dans cette approche, « à l'aveugle, ou presque », que le jeune homme formule à Isabelle*, alors relation de travail, la proposition d'une rencontre.
Leurs premiers échanges se nouent par e-mails, et téléphone. Il est journaliste. Elle, publicitaire. Voilà déjà plusieurs semaines qu'ils travaillent à un projet commun. « Et le courant passe très bien », se rappelle-t-il. Si bien que l'échange se fait progressivement plus soutenu, le ton moins professionnel. Et que Philippe cède à la curiosité de « taper son nom » sur Google. « Je ne voyais que vaguement à quoi elle pouvait ressembler, mais j'avais l'intuition qu'elle pouvait me plaire… »
Alors, leur projet touchant à son terme, il se hasarde à proposer à la jeune femme un rendez-vous « en dehors du travail ». Elle accepte. Mieux encore, « elle m'invite à venir dîner chez elle, le samedi suivant », retrace Philippe. Étonné par le caractère direct de la proposition, néanmoins enchanté, il enfile, trois jours plus tard, son plus beau costume. « Je me sape, je mets même une cravate ! » Puis gagne, en métro, le très chic 16e arrondissement de Paris, où elle tient domicile.
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