Chuck Mangione, figure majeure du smooth jazz, s'est éteint ce mardi 22 juillet. Le trompettiste, connu pour son titre Feels So Good, avait 84 ans. Légende de Rochester, Charles Frank Mangione est décédé dans sa ville natale. C'est dans cette commune de l'État de New York, que le garçon naît, le 29 novembre 1940. Ses parents, d'origine italienne, tenaient une petite épicerie attenante à la maison et avaient pour habitude d'écouter les grands standards de jazz des années 1950.
"L’histoire d’amour de Chuck avec la musique a été caractérisée par son énergie sans limites, son enthousiasme décomplexé et sa joie pure qui rayonnait depuis la scène", a écrit sa famille dans un communiqué.
Bercé par ces mélodies, le gamin se rêvait peut-être pianiste - à huit ans, il prend même des cours dans une école de musique pour faire comme son grand frère "Gap" Mangione, de deux ans son aîné.
Mais, à dix ans, Chuck Mangione s'oriente plutôt vers la trompette, inspiré par La Femme aux chimères (1950) de Michael Curtiz. Dans ce long-métrage, Rick Martin (Kirk Douglas) apprend le cuivre auprès d'Art Hazzard (Juano Hernández), trompettiste noir qui fait de lui un virtuose.
L'influence de Dizzy Gillepsie
Les deux garçons jouent ensemble, et créent même un quintet "les Jazz Brothers" au lycée. Ils croisent la route de la chanteuse Sarah Vaughan, du batteur Art Blakey ou encore du trompettiste Dizzy Gillespie - des amis du paternel, invités à partager la table.
Ce dernier devient un mentor, "un père musical", pour le jeune Chuck Mangione, comme le note The New York Times. Impressionné par les talents de l'adolescent - il a alors 15 ans -, Dizzy Gillepsie lui offre même une trompette, la fameuse upswept.
Chuck Mangione poursuit ensuite ses études à l'Eastman School of Music à Rochester, et en sort diplômé en 1963. Il est le premier de son école à pratiquer le bugle, un instrument de la famille des cuivres, très proche de la trompette.
Le succès de Feels So Good
Figure majeure du smooth jazz, Chuck Mangione s'inspirait du fusion jazz de Miles Davis - qui intégrait des instruments électroniques dans le jazz traditionnel. Il y ajoutait de la guitare flamenco et un rythme disco. Le résultat est un mélange pop-jazz, très vite devenu populaire.
Feels So Good, sorti en octobre 1977, en est un exemple emblématique et fait découvrir le jazz à un vaste public. Titre phare, il permet à l'album éponyme de devenir double disque de platine, et fait exploser la notoriété du jazzman.
La reconnaissance de Chuck Mangione n'est pas que populaire, elle est aussi critique. Un an avant Feels so Good, son titre Bellavia, qu'il dédie à sa mère, remporte le Grammy Awards de la meilleure composition musicale en 1976. Et en 1979, rebelote: le trompettiste remporte un second trophée, pour la meilleure performance instrumentale pop, ainsi qu'un Golden Globes de la meilleure musique de film pour la composition de la bande-originale du film The Children of Sanchez, adapté du livre d'Oscar Lewis.
En soixante ans de carrière, Chuck Mangione était connu pour être proche de son public, comme sa famille le remarque, dans un communiqué : "Son admiration pour ses fidèles fans du monde entier était sincère, comme en témoigne la fréquence à laquelle il s'asseyait au bord de la scène après un concert, le temps de signer des autographes pour les fans venus le rencontrer, lui et le groupe"
Le grand musicien laisse, derrière lui, un héritage d'une trentaine d'albums, et une lignée d'artistes, comme Grover Washington Jr ou encore Sade, pour qui le smooth jazz a été une inspiration majeure.
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