INTERNATIONAL - L’interminable feuilleton des droits de douane mis en scène par Donald Trump depuis plusieurs mois va connaître une évolution majeure ce jeudi 7 août. Sans pour autant s’arrêter puisqu’une autre échéance est déjà programmée dans trois mois, et tout cela sans compter sur les sautes d’humeur du président américain et de potentielles nouvelles annonces inattendues.
Si le Brésil a ouvert le bal dès mercredi, désormais visé par une surtaxe de 50 % sur ses produits importés aux États-Unis, un train de nouvelles surtaxes imposées par Washington entre en vigueur ce jeudi sur les produits de la plupart de ses partenaires commerciaux.
On a trouvé une voix favorable à l’accord UE-Trump en France
Tous les pays du monde étaient déjà visés par une surtaxe plancher de 10 % depuis avril, qui s’additionne avec les droits de douane qui existaient au préalable. Mais pour une grande partie d’entre eux, dont les poids lourds du commerce mondial, la surtaxe sera relevée.
Le minimum a été fixé à 15 %, pour le Japon, la Corée du Sud ou encore l’Union européenne, dont certains secteurs sont exemptés conformément à un accord avec Washington. Des pays qui n’étaient pas visés par une surtaxe punitive entrent par ailleurs dans la liste, à l’instar de la Turquie (désormais 15 %).
Pression sur l’Inde
Le Canada est lui visé par un décret à part, qui fait passer les droits de douane sur ses produits importés aux États-Unis de 25 % à 35 %. Cette hausse concerne uniquement les produits ne transitant pas dans le cadre de l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM).
De son côté, l’Inde est l’un des grands perdants de l’histoire, puisque Donald Trump a accentué la pression sur le pays asiatique en signant mercredi un décret ajoutant 25 % de droits de douane supplémentaires. Cette nouvelle surtaxe vient donc se greffer à celle de 25 % qui doit entrer en vigueur ce jeudi et ne sera effective que dans 21 jours. Elle ne s’appliquera pas sur un certain nombre de produits, ce qui vient toutefois en réduire sensiblement la portée.
Mais comme tout semble mouvant et réajustable en permanence avec l’administration Trump, la situation pourrait encore évoluer au gré de négociations, quand bien même ces nouveaux droits de douane sont « quasiment définitifs », selon le représentant américain au Commerce.
Ces « accords » laissent en effet ouvertes des questions cruciales : des exemptions sont-elles possibles ? Qu’en sera-t-il de secteurs comme l’automobile, la pharmacie, les semi-conducteurs ? Quel sera le sort réservé à la Chine ? Tous les pays vont-ils accepter sans sourciller leur sort ?
La Suisse, par exemple, a été particulièrement sonnée par les annonces de la Maison Blanche qui a relevé les droits de douane applicables aux produits helvétiques à 39 %, contre 31 % initialement prévus début avril. En urgence, la présidente du pays Karin Keller-Sutter a été reçue mercredi, à huis clos, par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, dans l’espoir de pouvoir négocier un deal plus attrayant.
Un sursis pour le Mexique
La situation du Mexique est particulière aussi, puisque sa présidente Claudia Sheinbaum a obtenu un sursis de 90 jours sur une surtaxe à 30 %, maintenant pour le moment à 25 % les droits de douane sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l’accord de libre-échange nord-américain. D’ici là, de nouvelles négociations pourraient avoir lieu entre les deux pays.
Enfin pour l’Union européenne, Bruxelles avait annoncé mardi suspendre ses représailles aux droits de douane de Donald Trump, en raison de l’accord commercial noué avec les États-Unis. Au cours des derniers mois, la Commission avait préparé une liste de produits américains qui seraient taxés si les États-Unis et l’UE ne parvenaient pas à un accord. Cette liste comprenait 93 milliards d’euros de marchandises : soja, avions, voitures, etc.
Mais signe que tout n’est pas figé pour autant, Bruxelles n’a toutefois pas exclu de réactiver ces mesures de riposte si jamais le bras de fer commercial avec l’administration Trump venait à connaître de nouveaux rebondissements. « Nous remettons (ces mesures) au congélateur mais nous pouvons toujours les ressortir », a ainsi expliqué cette semaine un responsable européen sous couvert d’anonymat.
Si l’équilibre commercial du monde entre donc dans une nouvelle phase ce jeudi, beaucoup de paramètres et enjeux montrent que les cartes peuvent être rebattues à tout moment. Et c’est bien Donald Trump qui continue d’en dicter le tempo, lui qui aime particulièrement mettre en avant ses talents de négociateur.
La Maison Blanche ne s’y est pas trompée en publiant ce week-end sur ses réseaux sociaux une photo du président, de dos, en train de passer un appel, avec cette légende : « passer des appels. Conclure des accords. RENDRE À L’AMÉRIQUE SA GRANDEUR ».
Guerre en Ukraine : les enjeux de la visite de Steve Witkoff, émissaire de Trump arrivé à Moscou
« Des missiles nucléaires » : la blague provoc de Trump sur le toit de la Maison-Blanche
Comments