Aux États-Unis, le maire de New York Eric Adams dans l’embarras à cause de ce paquet de chips rempli de billets

ÉTATS-UNIS - L’histoire fait tache à quelques mois des élections. Le maire de New York Eric Adams, qui se représente aux municipales du 4 novembre prochain, a dû suspendre une de ses conseillères accusée d’avoir voulu donner à une journaliste du site indépendant The City un « pot-de-vin » un peu spécial… Le média new-yorkais a lui-même révélé les faits que se sont déroulés le mercredi 20 août.

Dans son article, The City raconte qu’une de ses reporters, Katie Honan, s’est rendue à un événement de campagne d’Eric Adams. Sur place, elle est repérée par une conseillère du maire nommée Winnie Greco, qui fait le lien entre lui et la communauté asiatique new-yorkaise. Winnie Greco a alors envoyé un SMS à la journaliste pour lui demander de la retrouver près d’un supermarché.

Eric Adams, le maire de New York, a voulu s’adresser aux hispanophones… avec un message en italien

Sur place, Winnie Greco lui a tendu un sachet de chips déjà ouvert et dont le haut avait été replié. « Croyant qu’elle lui proposait un en-cas, [Katie Honan] lui a répondu à plusieurs reprises qu’elle ne pouvait pas accepter les chips », relate The City, précisant que c’est face à l’insistance de la conseillère qu’elle a fini par accepter. Sur le trajet retour, la journaliste a réalisé que le paquet ouvert contenait une enveloppe rouge truffée de billets, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.

Un acte de « pure innocence », assure l’avocat de Winnie Greco

Confrontée par Katie Honan, qui lui a d’abord demandé de récupérer son argent, Winnie Greco a d’abord proposé de la rencontrer dans le quartier de Chinatown, puis elle ne lui a plus répondu. Interrogée plus tard par The City, la conseillère d’Eric Adams a dit qu’elle avait fait une « erreur » et s’est excusée de nombreuses fois.

« Je suis désolée, c’est un truc culturel », s’est-elle justifiée, demandant s’il était possible « d’oublier tout ça », répétant qu’elle voulait « juste être amie » avec la journaliste. Un argument repris par son avocat Me Steven Brill, qui a reconnu que le geste « a l’air étrange » mais assure que l’intention de sa cliente « était purement innocente ». « Dans la culture chinoise, l’argent est souvent donné aux autres comme marque d’amitié ou de reconnaissance », a-t-il déclaré.

The City n’est pas en mesure de communiquer le montant de ce « pot-de-vin raté », puisque le journal a remis l’enveloppe sans l’ouvrir au Département d’Enquête de New York City (DOI), un organisme indépendant chargé entre autres de lutter contre la corruption. Le média new-yorkais – qui précise que le paquet de chips contenait « au moins un billet de 100 dollars et plusieurs de 20 dollars » – a indiqué que ses avocats avaient été contactés par le bureau du procureur de Brooklyn.

L’équipe d’Eric Adams se dit « choquée » par l’incident

Du côté des soutiens d’Eric Adams, la condamnation et les conséquences ont été rapides. « Nous sommes choqués par ces informations », a réagi le porte-parole de la campagne du maire sortant, cité par The City et le New York Times. « Winnie Grecco [sic] n’occupe aucun poste dans cette campagne et a été suspendue de toutes ses activités BÉNÉVOLES, a-t-il affirmé. Le maire n’avait aucune connaissance de cette affaire […] et son seul objectif reste de servir les habitants de New York avec intégrité. »

Une déclaration qui prête à sourire : Eric Adams était poursuivi pour corruption jusqu’à l’abandon de toutes les charges pesant contre lui… grâce aux pressions de l’administration Trump. Cette image d’élu peu exemplaire et soutenu par la Maison Blanche ne joue pas en sa faveur dans une ville ultra-démocrate. Il est « profondément impopulaire » et doit cette fois-ci se présenter en indépendant alors que le candidat officiel des démocrates est Zohran Mamdani.

Pire, dans la foulée de cette affaire de « pot-de-vin » dans un paquet de chips, le New York Times a révélé cet épisode « n’est pas un incident isolé dans le cercle des médias de langue chinoise ». D’après le quotidien américain, des enveloppes rouges avec de l’argent liquide sont « parfois » remises par des soutiens d’Eric Adams à des journalistes de médias sinophones. Une pratique dont le porte-parole du maire assure qu’il n’avait « absolument pas conscience », martelant que « toute attitude de ce genre est inappropriée et inacceptable ».

Des billets distribués par « politesse » ?

Interrogé par le New York Times, un des hommes photographiés en train de distribuer des enveloppes rouges a lui aussi mis en avant la culture chinoise, expliquant que donner de l’argent à des « journalistes, YouTubeurs, photographes » pour les remercier de s’être déplacés relevait de la « politesse ». Une pratique commune en Chine où les journalistes autochtones reçoivent fréquemment des enveloppes rouges pour leurs « frais de transport ».

Mais ce genre d’attention n’est normalement pas adressée à des journalistes internationaux, souligne le New York Times, rappelant que la plupart des médias interdisent ce genre de paiement pour des raisons éthiques. Un point de vue partagé par Katie Honan, dans une émission dont vous pouvez voir l’extrait ci-dessous.

Après être revenue sur l’incident du paquet de chips, la journaliste de The City a fait une petite mise au point, visiblement nécessaire : « Nous sommes un média à but non lucratif et toujours à la recherche de dons, juste pas de cette façon-là… Si c’était bien un don. »

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