Une nouvelle piste pour identifier une potentielle neuvième planète dans notre système solaire. Alors que les débats font rage, depuis près de deux siècles, autour du nombre de planètes orbitant comme la Terre autour du Soleil, une découverte réalisée par des chercheurs américains ouvre des perspectives inédites.
Longtemps considérée comme une planète, Pluton a été déchue de ce statut en 2006. Depuis, les astronomes du monde entier n'en finissent plus d'émettre des hypothèses sur l'existence d'un autre corps astral pouvant être considéré comme la "Planète Neuf" du système solaire.
Des chercheurs de Princeton affirment avoir découvert une "planète Y"
En juin dernier, des scientifiques japonais avaient à nouveau relancé le débat en affirmant avoir observé un nouvel objet céleste au-delà de la planète Neptune. Deux mois plus tard, ce sont cette fois des chercheurs américains qui font part d'une découverte qui pourrait s'avérer révolutionnaire.
Dans un article publié sur la plateforme arXiv, deux astrophysiciens et un astrobiologiste de l'Université de Princeton ont révélé avoir identifié les traces d'un astre baptisé "planète Y", aux dimensions proches de celles de la Terre, mais situé beaucoup plus loin dans le système solaire.
Etudier la zone située au-delà de Neptune
Comme l'explique un article de Geo, les scientifiques ont entamé leurs recherches avec l'ambition de confirmer la récente théorie de la "Planète Neuf", qui envisage que cette dernière soit "environ cinq à dix fois plus massive que la Terre, et très lointaine (au-delà de 300 voire 500 fois la distance Terre-Soleil)".
Pour ce faire, les auteurs de l'étude se sont intéressés de près à la ceinture de Kuiper, l'immense zone située après l’orbite de Neptune, et notamment à sa partie la plus éloignée du Soleil, en partant de l'hypothèse qu'"en l'absence de corps planétaires invisibles dans le système solaire externe, le plan moyen de la lointaine ceinture de Kuiper devrait être le même" que celui du système solaire.
Une déformation observable...
Dans le résumé de leur étude, les chercheurs affirment avoir utilisé "une nouvelle méthode de mesure du plan moyen, dont l'indépendance vis-à-vis des biais d'observation est démontrée". Cette méthode leur a permis d'observer une "déformation" dans une zone comprise entre 80 et 200 unités astronomiques (UA, 1 UA correspondant à la distance entre le Soleil et la Terre).
Plus précisément, comme le décrit Geo, les chercheurs ont constaté que dans cette zone, "le plan moyen de la ceinture de Kuiper présente une déviation d’environ 15 degrés par rapport au plan du système solaire", déviation qui pourrait être causée par la présence d'une planète à proximité.
....possiblement causée par une "planète invisible"
"Si ce n'est pas une erreur, une explication possible de cette déformation est l'existence d'une planète invisible dans le système solaire externe", avancent ainsi les astronomes, qui ont ensuite réalisé une série de simulations pour tenter d'identifier plus précisément ce corps céleste.
A l'issue de ce processus, les scientifiques ont "découvert qu'une planète dont la masse se situe entre celle de Mercure et celle de la Terre, dont le demi-grand axe (trajectoire orbitale, ndlr) est compris entre 100 et 200 UA et dont l'inclinaison est supérieure ou égale à 10° serait la cause la plus probable de cette déformation".
Très différente des précédentes hypothèses
Interrogé par New Scientist, l'un des auteurs de l'étude, Amir Siraj, a jugé que le signal repéré par les chercheurs était "modeste, mais crédible" et estimé qu'il y avait "entre 2% et 4%" de chances que la déformation observée soit due au hasard.
Dans le cas où la planète hypothétique repérée par les chercheurs serait bien réelle, ces dernier précisent qu'"un tel corps se distingue, tant par sa masse que par son orbite, des différentes versions d'une planète invisible invoquées pour expliquer l'agrégation absidale dans le système solaire externe".
Une planète qui se serait formée près du Soleil avant d'être projetée vers l'extérieur
En somme, les astronomes de l'Université de Princeton pensent donc avoir découvert une nouvelle planète aux confins de notre système solaire, bien différente des planètes naines comme Pluton et de la géante "Planète Neuf", telle qu'elle avait été imaginée au départ.
Selon l'hypothèse développée par les chercheurs, cette "planète Y", dont la taille serait proche de celle de la Terre, aurait pu se former dans une zone relativement proche du Soleil, avant d'être projetée vers l'extérieur du système solaire par un phénomène de dispersion.
Une hypothèse jugée "plausible" par un célèbre astronome australien
Cité par le magazine Earth, l'astrobiologiste australien Jonti Horner estime "plausible" l'hypothèse développée par les chercheurs de Princeton. Selon ce spécialiste du système solaire, il est tout à fait possible qu'une telle planète existe sans avoir jamais été repérée jusqu'à maintenant.
"Cela pourrait s'expliquer par le fait que nous ignorons tout simplement ce qui se trouve à l'extérieur de la ceinture de Kuiper, étaye le scientifique. Ce n'est qu'au cours des deux dernières décennies que nous avons véritablement commencé à explorer l'espace au-delà de Neptune."
La "planète Y" pourrait bientôt être observée depuis la Terre
Cette exploration devrait d'ailleurs connaître une accélération notable dans les mois à venir, grâce à l'apport du nouvel observatoire Vera C. Rubin installé au Chili, qui promet une véritable révolution dans le monde de l'astronomie. "Rubin va rapidement élargir le catalogue d'objets transneptuniens bien mesurés", confirme Amir Siraj.
En conclusion de leur étude, ce dernier et ses co-auteurs affirment ainsi que ce télescope ultramoderne devrait être en mesure de "confirmer ou infirmer l'existence de la déformation rapportée ici", mais aussi de "détecter la planète qui pourrait la produire". On devrait donc bientôt en savoir plus sur cette fameuse "planète Y"...
Comments